Dans son bureau, s'affichent au mur toutes ses inspirations. Très souvent, des représentations du corps, de l'intime, qu'elle malmène parfois dans l'univers bien personnel qu'elle s'est créé. Jessica Laurent, 36 ans, est artiste vidéaste. La vidéo, la réalisation, l'ont toujours émerveillée, depuis l'enfance. "Quand j'étais en maternelle, un intervenant est venu faire un film, dit-elle en levant les yeux comme pour mieux fouiller sa mémoire. Je me souviens que j'étais fascinée." Au Havre, où elle a grandi, sa mère l'emmenait régulièrement au cinéma, à l'Eden, qui se trouvait à l'époque dans le Volcan.
Objectif réalisatrice
Elle y sera marquée par Les cerfs-volants du bout du monde. Ado, elle est de toutes les fêtes du cinéma et dès la troisième, elle le sait : elle sera réalisatrice. Direction donc le lycée Jean-Prévost et son parcours cinéma et audiovisuel. Jusqu'à ce que la réalité rattrape l'adolescente. "J'étais un peu dans une bulle, trop timide, ça m'a fait peur. Je pensais qu'il fallait être exubérante pour être réalisatrice", raconte-t-elle, estimant avoir alors d'autres choses à explorer. Ce qu'elle a fait, aux Beaux-Arts. C'est là qu'elle s'affirme dans son univers. Elle met en scène son propre corps dans des vidéos artistiques chocs qui laissent éclater une forme de colère. Son nom d'artiste : Essica. "J'avais besoin d'enlever le 'Je' de mon prénom", explique-t-elle, comme une volonté aussi "d'enlever cette image de petite fille gentille". Et puis, Jessica choisira l'enseignement, en devenant finalement professeur d'arts plastiques à Barentin : "J'avais envie de transmettre quelque chose, pas forcement centré sur moi", raconte-t-elle. Mais pas question de lâcher sa passion. Chez elle, elle regarde tout, films et séries avec des coups de cœur récents pour Sense 8 ou Servant. Et puis, elle fait le grand saut avec sa propre série Égarement, tournée principalement à Rouen : "L'histoire de six personnages sur le fil de leur vie en train de basculer", raconte la réalisatrice dans un sourire, cultivant le mystère. Fidèle à son univers, elle livre un projet à la frontière entre la série et l'art vidéo. Un drame psychologique, réalisé uniquement avec des bénévoles. Une expérience fondatrice pour la jeune femme, qui s'essayait pour la première fois à la direction d'acteurs. "C'est ce que je veux faire quand je serai grande", lance-t-elle sur un ton enfantin, admettant que c'est encore "de la débrouille". Son rêve ? En faire désormais son métier à 100 %. Il y aura en tout cas une saison 2 de la série, pour laquelle elle espère bien passer un cap, en obtenant notamment des financements.
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