Filippo Cimitan dirige Siemens Gamesa France, qui table sur 750 emplois directs et indirects pour son usine du Havre.
En quoi cette usine est-elle unique ?
"Car nous fabriquons des pales et assemblons des nacelles sur un même site. Cela permet des économies logistiques et une facilité d'installation, sur une façade maritime qui a du potentiel. L'usine du Havre sera forcément plus compétitive que si l'on utilisait un produit fabriqué au Danemark ou en Allemagne. Le Havre est bien positionnée pour devenir la capitale européenne de l'éolien."
Pourquoi recruter via des tests pratiques ?
"C'est une méthode appropriée car la formation à ces métiers nouveaux sera faite en interne. On ne cherche donc pas des compétences mais un savoir être, la motivation, une capacité de travail en équipe, un esprit sécurité… Pour nous aider à construire une usine moderne, également sur le plan humain."
Sur les profils recrutés, êtes-vous en concurrence avec les autres industriels, notamment General Electric à Cherbourg ?
"Nous apportons une opportunité forte pour un territoire, le territoire havrais, qui attend d'ailleurs ces opportunités. On cherche aussi, sous l'impulsion du gouvernement, à relancer l'industrie, une industrie moderne, qui prendra part au changement climatique. C'est bien que nous ne soyons pas les seuls, car les ambitions sont importantes et le potentiel aussi. J'espère et je suis convaincu qu'il y a de la place pour tous. On regarde souvent les grands donneurs d'ordre comme Siemens Gamesa ou GE, mais derrière, il y a toute une filière qui peut se créer. Plus il y a d'opportunités, mieux c'est."
Pourquoi externaliser certains postes ?
"Pour nous, ce sont de toute façon des emplois qui seront créés pour l'usine. On ne peut pas être expert en tout, donc on s'appuie sur des partenaires sur certaines activités, comme la cantine, la sécurité… Par ailleurs, il faut intégrer un élément de flexibilité. Nous serons dépendants des calendriers des parcs éoliens, comme la construction de l'usine était d'ailleurs liée à leur lancement. Une fois en production, si les projets subissent un décalage, notre activité sera forcément impactée. C'est propre, je crois, à tout milieu industriel lié à des grands projets."
Comment garantir que l'usine sera suffisamment dimensionnée pour l'avenir ?
"Nous sommes dans des cycles d'innovation très courts. Sur les six dernières années, Siemens Gamesa a lancé trois nouveaux produits tous les deux ans, ce qui permet une forte baisse du prix de l'électricité et de rendre plus compétitive cette source d'énergie. Sur un outil industriel comme celui du Havre, qui a vocation à être le plus durable possible, nous avons déjà envisagé quels aménagements pourraient être réalisés. Mais l'éolienne la plus grande n'est pas forcément la plus compétitive."
Sera-t-elle amenée à travailler pour l'export ?
"Les portes ne sont pas fermées à l'export, mais l'objectif principal est bien de servir le marché local. C'est une usine qui compte sur ce marché pour sa pérennité, tout en étant complètement intégrée dans le système d'approvisionnement mondial. Si les autres usines de Siemens Gamesa Renewable Energy sont en manque de capacité, on peut très bien être amenés à produire des turbines pour un marché à l'export… Mais cela ne peut pas être l'objectif de base."
Au-delà des cinq parcs pour lesquels vous avez été retenus, vous espérez donc de nouveaux projets rapidement…
"Les cinq parcs sont une base pour lancer l'investissement. Mais la pérennité des emplois et de la filière industrielle est strictement liée à la cadence des prochains projets. La vocation de Siemens Gamesa, comme de chaque industriel, ce n'est pas de créer une usine éphémère, mais au contraire de s'ancrer sur un territoire et de donner des perspectives à ses salariés et ses partenaires. La dernière programmation pluriannuelle de l'énergie est meilleure que la précédente, mais encore timide compte tenu du potentiel de l'éolien en mer en France et des investissements industriels qui sont réalisés. On voit que sur les premiers parcs, entre l'attribution d'un champ et la réalisation, il y a 9 ou 10 ans… On a bon espoir que ce soit moins à l'avenir. Cette volonté d'accélérer est visible dans la plupart des pays européens. En France, elle est là aussi, mais peine encore à se concrétiser."
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