Le projet de parc éolien en mer au large de Fécamp est vieux de plus de dix ans. Le chantier est désormais lancé et ça se voit. Les travaux de raccordements entre Fécamp et Le Havre sont en cours. La future usine Siemens Gamesa sort de terre sur le port havrais. Quid de l'emploi ? L'éolien est-il un nouvel eldorado ? Difficile de répondre.
Implanter une filière d'avenir
L'éolien offshore génère déjà de l'emploi, grâce aux chantiers. RTE s'occupe du raccordement entre Fécamp et Le Havre. Une partie de la sous-traitance des travaux a été confiée à 26 entreprises locales pour 10 millions d'euros, et 4 millions d'euros ont été consacrés à l'achat de fournitures auprès de 48 entreprises locales. La construction de l'usine Siemens Gamesa au Havre fait travailler 350 à 400 salariés. Il faut ajouter à cela, 700 emplois pour l'élaboration des fondations gravitaires en béton (Bouygues), toujours sur le port du Havre.
L'usine de Siemens Gamesa du Havre devrait commencer à produire au 1er semestre 2022, avec 750 salariés. Les embauches ont d'ailleurs déjà commencé. Les acteurs économiques du bassin havrais y voient un signal fort. "On implante ici une filière d'avenir, durable", explique Éric Lehericy, le directeur général de la CCI Seine-Estuaire. "On est au début de l'éolien en mer en France. Le Havre pourra répondre aux futurs projets. On est sur une tendance de fond. Ce n'est pas une filière du passé qui s'installe. Notre territoire prend de l'avance." L'usine fera également travailler des sous-traitants. La CCI parle de 1 500 emplois indirects. "On s'est battus pour que des entreprises locales puissent participer. Travailler avec une grosse entreprise n'est pas une évidence. Il faut être capable de répondre aux exigences de Siemens." En juin 2019, la CCI a permis à 75 acteurs économiques du territoire de rencontrer l'industriel. Il faut ajouter à ces chiffres, la centaine d'emplois nécessaires pour le futur centre de maintenance à Fécamp.
Un avenir pour le pétrole ?
Toutes ces promesses d'emplois vont-elles compenser les pertes liées au déclin de l'industrie carbonée ? C'est la grande question et la grande incertitude. La centrale thermique EDF a fermé ses portes le 31 mars (170 agents et 1 400 sous-traitants et emplois de dockers). Dresser Rand (Siemens Energy) prévoit la suppression de 272 postes sur son site havrais. Pour Sylvain Chapelle, responsable de l'UL CGT Harfleur, "ça fait 20 à 25 ans qu'on parle de transition. Certaines activités devraient être prêtes depuis longtemps. Ce n'est pas le cas, ce qui provoque de la casse sociale." Fin 2019, plus de 16 000 personnes travaillaient dans l'industrie sur le bassin du Havre, dont environ la moitié en lien avec le pétrole. "De toute façon, la filière pétrole va continuer. Le risque, c'est qu'elle continue ailleurs pour qu'on soit plus vert chez nous. On va polluer ailleurs. Quand on perd son emploi dans ce secteur, on ne retrouve pas un emploi avec des conditions similaires. On se précarise." Ce sont là toutes les craintes de Sylvain Chapelle. L'implantation de Siemens Gamesa, "ça reste une bonne nouvelle, mais avec quelles conditions salariales ?".
RTE, gestionnaire du réseau de transport d'électricité en France, indique avoir sollicité le concours de vingt-six entreprises locales, dans le cadre du chantier de raccordement éolien de Fécamp.
Un chantier de trois semaines
Parmi elles, Vauban Environnement, basée au Havre, qui emploie 22 personnes en situation de handicap. "Cinq travailleurs ont été mobilisées pendant environ trois semaines pour réaliser un talus végétalisé", détaille Jean-Luc Lefebvre, adjoint de direction. Un "beau marché", qui ne représente toutefois qu'une part minime du chiffre d'affaires de l'entreprise adaptée. "C'est assez valorisant, car la création paysagère n'était pas une activité à part entière chez nous jusqu'à il y a encore deux ans", poursuit cependant le responsable. L'entreprise a notamment choisi les essences les plus adaptées au talus, destiné à dissimuler du regard des riverains le poste électrique de Sainneville.
25 000 heures de travail
Au total, RTE prévoit de réserver 25 000 heures de travail à des entreprises d'insertions sur le chantier de raccordement, via des entreprises partenaires. En 2020, vingt-et-une personnes ont bénéficié de ce dispositif d'insertion sur le chantier des liaisons électriques souterraines. En ce printemps, ils sont treize, chargés de réaliser des tranchées, d'installer les tubes en PVC dans lesquels passeront les câbles électriques.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.