"Ça m'est tombé dessus par hasard." La première fois que Maxime Ramage revêt un scaphandre, il n'a que 23 ans. Scaphandrier professionnel depuis deux ans, il parcourt les quatre coins de la France pour accomplir différents chantiers. La diversité de son métier peut l'amener à réaliser l'inspection de ponts, la maintenance des bassins de stations d'épuration, et même l'exploration de milieux confinés.
Une proposition inattendue
Mais le jeune Normand, originaire de Carrouges dans l'Orne, n'était pas destiné à suivre cette voie. Après l'obtention d'un bac pro menuisier agenceur à 20 ans, Maxime décide de tout plaquer et d'intégrer les rangs de l'armée française, mais "ça ne l'a pas fait et j'ai décidé d'arrêter", avoue-t-il. À son retour sur ses terres normandes, il entame une formation de dessinateur industriel, avec à la clé un premier CDI en 2015 dans l'entreprise industrielle Réseaux et Fondations, spécialisée dans l'inspection subaquatique.
Trois ans plus tard, une proposition inattendue l'amène à changer de vie : son patron lui propose de devenir scaphandrier. "Avoir un plongeur en plus était pour lui une opportunité, il a beaucoup misé sur moi et ça m'a permis d'être polyvalent dans l'entreprise." Maxime n'hésite pas une seconde, il plonge dans le grand bain.
Pour obtenir le titre professionnel de scaphandrier des Travaux publics, Maxime bataille durant quatre mois à Trébeurden (Côtes-d'Armor). Près des côtes bretonnes, il passe les trois niveaux de Plongée Plaisir prérequis. Le dernier, le plus "compliqué", selon lui, a pour objectif de descendre à 60 mètres de profondeur sous l'eau pour habituer le corps à la profondeur et pour effectuer une mission de sauvetage. "Ça a été dur, il a fallu être capable de remonter à la surface une personne en plein malaise", explique-t-il. Mais la difficulté n'a pas ralenti Maxime dans sa formation : il réussit avec succès ce dernier niveau.
Attention à l'ivresse des profondeurs
Le parcours du combattant ne s'arrête pas là pour autant. Pour qu'il obtienne le titre officiel de scaphandrier, son employeur lui finance une formation à 15 000 euros. Maxime doit se surpasser en redoublant d'efforts. Il descend à 45 mètres de profondeur pour s'habituer à la pression de l'eau. "On est dans le noir total, il faut descendre lentement, ce n'est pas une plongée qui s'improvise", raconte-t-il. "On appelle ça le 'permis de mourir', l'objectif est d'habituer son corps à descendre dans les eaux profondes."
En eaux profondes, l'un des dangers redoutés reste la "narcose", ou "ivresse des profondeurs". Ce phénomène lié à une trop grande quantité d'azote dans le cerveau donne la sensation au plongeur d'être alcoolisé. "Ça m'est déjà arrivé lors d'une plongée loisir, j'ai eu la sensation de respirer de l'oxygène avec un goût de réglisse, je suis remonté et tout s'est bien passé, rassure-t-il. Parfois, ça peut être plus grave, certains paniquent et débranchent le narguilé, le câble qui permet l'oxygénation. Mais heureusement, un plongeur sauveteur est là, au cas où."
Maxime Ramage et son coéquipier lors d'une intervention dans un bassin de station d'épuration. - Argentan Intercom
Maxime a fait face à de nombreuses situations lors de sa dernière formation. Une des plus "marquantes" selon lui, est de rechercher une voiture dans les profondeurs de la mer. Avec un partenaire, Maxime remue ciel et mer pour trouver la voiture dans le noir complet. "Lorsque je mets ma main devant le carreau de mon scaphandre, je ne la vois même pas. Mais au bout du compte, j'y suis parvenu." Sa formation se termine avec succès. Maxime devient officiellement scaphandrier en 2018. Aujourd'hui, il ne garde que des bons souvenirs de cette formation où il a effectué de "belles plongées, même si certaines ont été plus compliquées", admet-il.
Ses meilleures plongées : en station d'épuration
Avec son allure d'astronaute, Maxime doit parfois remplacer les pompes des bassins d'épuration. Pour y parvenir, il revêt son scaphandre de 60 kg pour descendre à 8 mètres de profondeur. Contrairement à l'eau des rivières, dans ces grands bassins, Maxime ne voit plus rien à peine arrivé à 10 cm de profondeur. "Je suis totalement aveugle, seules mes mains me guident." Les meilleures plongées de Maxime ne sont pas dans la mer turquoise avec des poissons exotiques comme certains de ses confrères, mais celles dans les bassins d'épuration.
"Une fois dedans, je ne sens plus les mauvaises odeurs et je suis bien dans ma combinaison."
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.