Giboulée de mars inattendue pour l'opinion française ! Après trois semaines de sprint de tous les médias en faveur du vaccin AstraZeneca – et malgré les avis rassurants de Jean Castex et Olivier Véran au sujet de ce vaccin –, un virage à angle droit est survenu. Le 15 mars, en pleine visite de Montauban, Emmanuel Macron annonce que l'usage du vaccin AstraZeneca en France est suspendu dans l'attente d'un verdict de l'Agence européenne du médicament. L'Elysée souligne que cette décision soudaine est prise “en conformité avec notre politique européenne”. Il s'agit donc d'une décision politique : celle de marcher avec Berlin et Rome, qui ont suspendu le vaccin AstraZeneca après que Vienne, La Haye, Reykjavik, Oslo, Copenhague et Helsinki eurent pris la même décision. Il s'agit surtout d'attendre le verdict de l'Agence européenne des médicaments…
Mais ce verdict est forcément provisoire, en l'attente de rapports scientifiques croisés, fiables et exhaustifs sur les effets secondaires – peu nombreux et très rarement mortels – attribués à l'AstraZeneca.
Quels sont ces effets attribués sans preuve au vaccin ? Des problèmes sanguins : des difficultés à coaguler ou des thromboses, c'est-à-dire des caillots sanguins déclenchant des accidents vasculaires – potentiellement mortels.
Bruxelles
en pleine hésitation
Au moment où les divers gouvernements prennent leur décision de suspendre le vaccin AstraZeneca, aucun rapport scientifique n'a établi de lien avéré entre ce vaccin et les accidents sanguins.
La décision française de suspension n'a donc été qu'une mesure de précaution, avant que l'avis de l'autorité sanitaire européenne permette, ou non, de remettre ledit vaccin en circulation chez les Vingt-Sept.
Ce n'est pas tout. Le 18 mars, réunion nouvelle et “extraordinaire” de l'Agence européenne des médicaments : il s'agit d'aller plus loin dans l'analyse des cas signalés et “de toute autre mesure qui pourrait se révéler nécessaire”, selon le régulateur européen de l'Agence.
Ainsi l'Agence paraît envisager de se contredire par rapport au 11 mars, lorsqu'elle avait parlé en faveur du vaccin AstraZeneca : “Ses bénéfices restent supérieurs à ses risques et il peut continuer à être administré pendant que les cas d'événements thrombo-emboliques font l'objet d'une enquête”, assurait-elle…
C'est toujours l'avis de professeurs de médecine français : ils protestent contre la “perte de chance pour la population” que représente le fait de suspendre un vaccin pour une simple “hypothèse”. Des épidémiologues rappellent par ailleurs que les Britanniques sont vaccinés massivement à l'AstraZeneca, sans qu'il y ait parmi eux d'effets secondaires graves.
Les incertitudes
sont mal ressenties
La valse-hésitation de cette semaine ressemble donc à une énième application du principe de précaution, qui consiste à devoir décider dans l'incertitude et à faire dépendre des décisions politiques d'investigations scientifiques, lesquelles sont toujours remises en cause. D'où les controverses nombreuses que le principe de précaution fait naître en tous domaines, des pesticides au nucléaire… Mais dans une épidémie qui se prolonge à n'en plus finir et oppresse les populations, celles-ci supportent de plus en plus difficilement les incertitudes officielles – et sont de plus en plus allergiques aux certitudes à éclipses.
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