Si elles peuvent parfois permettre de mieux réguler le trafic automobile, ces yeux discrets ont avant tout une double fonction : dissuader et retrouver les auteurs de faits délictueux. Rouen et son agglomération ne font pas exception.
Transports surveillés
La TCAR est, de loin, la plus équipée en la matière dans l’agglomération rouennaise. Toutes les stations de métro (une trentaine) et de Teor (90) disposent de leurs caméras, reliées en direct au Poste de commandement centralisé, rue Jeanne d’Arc, à Rouen. Ce n’est pas tout : la totalité des Teor et des métros en sont dotés intérieurement depuis 2007, ainsi que 180 bus sur 223. Les bandes ne peuvent pas être visionnées en direct, mais les "boîtes noires" sont à disposition de la justice à tout moment, pour une durée néanmoins limitée.
"Dans 99% du temps, les caméras fixes, sur les stations, servent à surveiller et réguler le trafic", affirme Sylvain Chadefaud, responsable sécurité et environnement à la TCAR. Le 1% restant permet donc de résoudre des cas d’incivilités, de violences. "Le système a fait ses preuves et aide bien les services de police". Pour la TCAR, la vidéosurveillance aurait permis, couplée à des actions de sensibilisation et "beaucoup de travail sur le terrain", à une baisse sensible des incivilités.
Manque de recul
Le supposé effet dissuasif de la vidéosurveillance a fait des émules. Plusieurs municipalités de l’agglomération disposent ainsi de leur propre réseau, aussi limité soit-il : Rouen depuis fin 2007, Bois-Guillaume-Bihorel, Petit et Grand-Quevilly depuis peu... A Rouen, 15 caméras ultra-précises à 360° et pilotables à distance sont perchées au-dessus de certains axes de la ville, dont 13 pour la seule rive droite. Un héritage de l’ère Albertini que la municipalité actuelle préfère gérer "avec pragmatisme", selon Christine Rambaud, maire-adjointe en charge des questions de sécurité.
En début d’année, la Ville a confié à un cabinet extérieur le soin d’évaluer le système. "Nous avions dit que nous ne changerions rien tant qu’aucune étude ne serait réalisée". Pourtant, après six mois d’enquête, difficile de trancher... "Les données ne sont pas suffisamment fiables vu le faible nombre de caméras", reconnaît aujourd’hui Mme Rambaud.
Lundi 11 juin, le Comité d’éthique et d’évaluation, regroupant des élus de tous bords et des représentants de la police, des avocats ou des comités de quartiers, s’est heurté au même constat à la lecture de cette fameuse évaluation, "pas probante" d’un point de vue statistique "mais très intéressante sur les connaissances qu’elle nous apporte sur le sujet. Ce n’est pas un coup pour rien", nuance la maire-adjointe. Statu quo, donc.
Les caméras resteront en place. Un jour, une nouvelle étude posera peut-être la même question. Et, comme souvent, surgira la même difficulté : celle de démontrer l’efficacité de la vidéosurveillance.
Thomas Blachère
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Repères
Usage. Une trentaine de réquisitions judiciaires serait adressées chaque année à la police municipale de Rouen, rue Orbe, pour visionner des enregistrements vidéos.
Comparatif. Avec un réseau de 15 caméras, Rouen est loin derrière certaines villes comme Nice (plus de 600), Lyon (200) ou Orléans (une centaine) pour ne citer qu’elles.
Etude. L’évaluation du dispositif de vidéosurveillance de la Ville de Rouen s’est attachée à comparer les deux années avant et les deux années après l’installation des caméras.
Grammont. Le bailleur social Rouen Habitat a obtenu l’installation de deux caméras sur des immeubles du quartier Grammont, à Rouen, touchés par une délinquance régulière.
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