Rue Beauvoisine, le temps semble s’y être totalement arrêté. Dans l’un des deux amphithéâtres faisant aujourd’hui office de réserve du Muséum d’histoire naturelle de Rouen, un ancien tableau noir à poulie est toujours là, derrière une armée silencieuse d’animaux empaillés.
Juste en-dessous, un four crématoire se dévoile. Il servait autrefois à brûler les organes disséqués en cours par les professeurs de médecine. Quant au deuxième amphithéâtre, on y découvre ces bancs en bois étroits sur lesquels un étudiant d’aujourd’hui aurait à coup sûr du mal à poser son postérieur trois heures durant.
Quartier des sciences
Entre les années 1850 et 1980, les lieux accueillaient la faculté de médecine et de pharmacie de Rouen (d’abord Ecole préparatoire, la ville n’ayant pas d’université jusqu’en 1966). Les étudiants avaient tout à portée de la main dans ce qui était alors le quartier des sciences : un cabinet d’histoire naturelle ouvert en 1832 dans l’ancien couvent de la Visitation Sainte-Marie, un jardin botanique, un observatoire...
Que faire de ce bâtiment aujourd’hui usé, mais au charme certain ? Guy Pessiot, maire-adjoint de Rouen en charge du patrimoine, et Sébastien Minchin, le directeur du Muséum, le contemplent avec nostalgie et envie. En 2008, en confiant la gestion du Muséum au Conseil général de Seine-Maritime, la Ville espérait voir l’ancienne faculté réaménagée pour devenir une annexe ambitieuse du musée. "L’idée était de reconquérir ces lieux, créer un espace librairie, des espaces d’exposition temporaire et même une cour couverte entre les deux bâtiments", se souvient Guy Pessiot. Raté. Début 2012, en difficulté financière, le Département rend les manettes du musée à la Ville... aux finances guère plus reluisantes.
Un nouveau projet verra-t-il le jour en 2014, en cas de victoire de la gauche aux municipales ? Le maire-adjoint passionné d’histoire ne l’exclut pas. Mais en attendant, la fac fantôme peut dormir tranquille.
Thomas Blachère
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