"Quand j'étais petit, les grands n'avaient qu'un seul but : quitter Le Havre." Un monde semble s'être écoulé depuis l'enfance de Bouna Diarra. Le trentenaire, qui a monté avec deux amis la société Bee Le Havre (lire ci-dessous), fait partie d'une kyrielle d'entrepreneurs qui ont fait de la ville leur marque de fabrique. "Dans les années 90, je n'aurais jamais imaginé porter un jour un tee-shirt à l'effigie du Havre", poursuit Bouna Diarra.
Aujourd'hui, le nom de la ville s'affiche partout, des vêtements aux plaques d'immatriculation. Ou plutôt son surnom : LH, à prononcer à l'américaine. Alix Chesnel se souvient l'avoir entendu depuis toujours. Mais avec son frère Hugo, ils ont l'idée, il y a une douzaine d'années, de détourner le logo de la cité des anges, Los Angeles, à la sauce locale. Succès immédiat. "Au départ, il était apposé sur des flyers pour annoncer des concerts, puis la demande s'est amplifiée", raconte Alix Chesnel. Ils impriment cent premiers tee-shirts. "À la fin de la journée, on en avait vendu 80", poursuit le fondateur de LH Original, qui souligne le rôle d'amplificateur qu'ont joué les réseaux sociaux à l'époque, notamment Facebook, qui en était à ses débuts en France. En 2017, les 500 ans du Havre sont un tournant, alors que l'entreprise ouvre une grande boutique rue Bernardin-de-Saint-Pierre : "Ça a fait de nous un passage obligé."
"Les Havrais sont nos clients numéro 1"
Pour Stéphanie et Valérie Camus aussi, l'anniversaire de la ville est un virage important. "Ça a été une effusion, ça a propulsé une nouvelle fierté havraise", constatent les deux sœurs, qui dirigent avec Anthony Gaudin le Local Shop. Leur boutique de produits locaux et de souvenirs made in Le Havre est implantée depuis sept ans, à deux pas du Volcan. Pourtant, elles non plus, adolescentes, ne s'imaginaient pas rester au Havre. "Puis il y a eu le classement à l'Unesco, de plus en plus de croisiéristes… Quand on lance le Local Shop, on s'attend à travailler plutôt l'image de la Normandie", se souvient Stéphanie. La boutique prend finalement un virage havrais. "Ils sont nos clients numéro 1. Cette période nous le prouve : il y a peu de touristes, mais rien ne change pour nous".
La liste non exhaustive de ceux qui affichent Le Havre s'allonge. Bee Le Havre a développé sa propre gamme de produits. Il y a les LH en 3D de Letter In, les collections d'artistes locaux vendues chez Ze Rider's Shop rue de Paris, ou la récente marque L'Industrie Havraise… "Avoir des concurrents, cela force à se renouveler", estime Alix Chesnel, qui assure avoir des dizaines de visuels sous le coude. "Le Havre est très graphique, ce n'est que le début", renchérit Valérie Camus. "Les indépendants sont de plus en plus nombreux à travailler l'image du Havre, et c'est tant mieux. Il y a peu de franchises dans le centre-ville. Le Havre sort du lot." Bouna Diarra aussi se veut optimiste. "On est encore très loin d'une densité de boutiques touristiques comme à Honfleur", relativise l'entrepreneur. Si la fierté est acquise, il reste, selon lui, un défi pour la décennie qui s'ouvre : "Casser l'antagonisme entre ville haute et ville basse."
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