Charlie Dalin et la mer, c'est une histoire qui débute bien avant ses premiers bords en optimist. "Petit, j'allais faire naviguer des maquettes dans l'étang de la forêt de Montgeon ou le bassin près du casino", se remémore le navigateur âgé de 36 ans.
Un sentiment de liberté
Parmi ces premiers émois maritimes, remontent aussi les traversées vers Belle-Île ou Ouessant, en vacances. C'est d'ailleurs en Bretagne que le futur compétiteur découvre la voile, à six ans. "C'était un sentiment de liberté : pouvoir aller où je voulais, rien qu'avec la force du vent. La notion de voyage, de déplacement, est beaucoup liée à mon attirance pour la mer." Sur l'océan, l'horizon est infini. "Aucune habitation, aucune construction humaine, pas de relief. Quand on voyage en mer, il y a peu de marqueurs", développe le skipper. "Il faut être à l'affût des changements d'environnement, la température de l'air, de l'eau, la faune… Quand on commence à voir les premiers poissons volants, par exemple. Certains ciels, on ne les trouve que dans les alizés ou le Pot au Noir."
"La peur fait partie
de l'instinct de survie"
Il a beau piloter Apivia en solitaire, Charlie Dalin prend parfois le temps d'apprécier ce spectacle mouvant. "Quand mon bateau avance à pleine vitesse sur une mer lisse, quand j'assiste à un beau coucher de soleil." Ou sur une zone riche en planctons, la nuit. "Le sillage devient fluorescent, c'est vraiment magique. Peu de gens ont la chance de vivre ça."
Quand la mer se déchaîne, ce cartésien se veut pragmatique. Il planifie, réfléchit. "J'ai rarement peur. Et si ce sentiment est là, il faut éviter de l'enfouir. La peur fait partie de l'instinct de survie." Pour le jeune Charlie, sur le chemin du Club nautique et plaisance du Havre (aujourd'hui SNPH), c'est une autre histoire. "Quand je voyais le drapeau tricolore de la tour de l'hôtel de ville battre fort, il y avait toujours une petite appréhension… Mais j'y allais quand même." Adolescent, c'est le récit de Bernard Moitessier, La longue route, qui pousse le Havrais à persévérer. Sur le Golden Globe Challenge, l'écrivain navigateur y décrit le triplé légendaire… Cap de Bonne Espérance, Cap Leeuwin, Cap Horn. Désormais, Charlie Dalin pourra lui aussi les raconter. De quoi susciter des vocations chez son fils, Oscar ? "Il fera ce qu'il voudra, sourit le héros du Vendée Globe, mais il y a des chances qu'il s'y intéresse… En ce moment, il prend n'importe quel objet et dit que c'est son bateau !"
Sur le Vendée Globe, seul au milieu des flots
"Bizuth" sur ce Vendée Globe, Charlie Dalin a vécu des émotions fortes pendant 80 jours.
Solitude
"Je n'en ai pas trop souffert, assurait le skipper à l'arrivée aux Sables- d'Olonne. On se sent seul surtout quand il y a un problème technique à régler." Comme la fois où une voile de 160 m2 se décroche en pleine nuit. Le Havrais se bat pendant des heures pour la récupérer. "Deux jours après, je montais en tête de mât, ça m'a paru le truc le plus facile du monde !"
Feeling
Le Vendée Globe aura permis à Charlie Dalin de développer son intuition de marin. "Moi qui suis très cartésien, ce n'est pas forcément ma nature. Pourtant, le feeling, tu le développes à force de passer autant de temps à bord, de vivre la météo."
Bonheur
Malgré les aléas, le navigateur a tout de même vécu "de super moments". Notamment avant l'arrivée, "sur mer plate, avec du vent, c'est un bonheur incroyable. Apivia est un super bateau dans ces conditions." Mercredi 10 février, l'Imoca a regagné son port d'attache, Concarneau (Finistère), pour plusieurs mois de chantier afin d'être retapé pour son prochain défi, la Transat Jacques Vabre.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.