Maître Catherine Decaen est notaire à Mortagne-au-Perche et Maître Hubert Gaudré est notaire à Alençon. Les deux ont la même analyse : malgré deux mois de confinement, le volume des ventes en 2020 a été bon. "Une embellie au printemps, en été, en automne, et qui se poursuit même en hiver", précise Me Decaen. "Lors du premier confinement, on avait mis notre négociatrice au chômage partiel, mais face aux demandes, elle a dû rapidement reprendre du service. Le 11 mai, pour le déconfinement, son carnet de rendez-vous était plein. Depuis, on a embauché une seconde négociatrice." Pour Me Gaudré, "la surprise a été de voir des Parisiens venir s'installer sur le bassin d'Alençon, c'est sûrement une conséquence du télétravail, avec la commodité d'avoir commerces et services. Être en pleine campagne a ses limites, surtout pour ceux qui ont de jeunes enfants scolarisés."
Quel est le profil des acheteurs ?
Me Gaudré explique que "sur Alençon au début, on avait beaucoup de Parisiens indécis qui visitaient, qui pensaient que tout était possible, et puis, derrière, leur banquier ne suivait pas forcément et on aboutissait à un refus de contrat de prêt. Mais au fil du temps, les agences ont durci leurs critères et au final, on a eu tous les profils : quelques-uns viennent s'installer de façon définitive, d'autres ont acheté des propriétés importantes pour en faire des résidences secondaires de qualité. Mais on a aussi des profils moins argentés, sur des maisonnettes de vacances entre 25 et 40 000 euros." Selon lui, les prix ont augmenté de 11,8 % en moyenne en 2020 dans l'Orne, alors que depuis 10 ans, "le niveau stagnait ou régressait, mais là, les biens de qualité ne restent pas longtemps sur le marché". Dans le seul Perche, "les prix n'ont pas augmenté, en revanche, c'est une absence de négociation. Les biens se vendent au prix affiché, y compris des biens qui étaient sur le marché depuis des années et qui ont trouvé preneur. Tout se vend", précise Me Decaen. "Je n'ai jamais vu autant de promesses d'achat signées sans aucune condition suspensive de prêt, ça veut dire que les gens investissent de l'argent qu'ils ont." Dans le Perche, le prix médian s'est établi à 110 000 € pour une surface habitable moyenne de 100 m2. "Mais ce n'est pas très révélateur, il y a de fortes disparités", précise Me Decaen.
Une pénurie de biens disponibles
Le vrai problème est là. "Les agences avec lesquelles on travaille n'ont que peu de stock et ce qui reste nécessite souvent beaucoup de travaux", constate Me Gaudré. "Avant la Covid, on avait 220 biens à vendre, aujourd'hui, il nous en reste moins de 60", précise pour sa part Me Decaen, qui positive. "Ce stock va se reconstituer, des gens vont hélas décéder, d'autres vont quitter l'Orne et vont vouloir vendre." Pour elle, "le problème, c'est de savoir si les envies d'acheter vont perdurer". Me Gaudré pense, lui, "qu'il existe toujours cette volonté de venir se mettre au vert, mais l'une des difficultés reste les liaisons internet à améliorer, c'est le vrai enjeu pour l'Orne. Et pour ceux qui ne télétravaillent pas, c'est de trouver un travail à sa juste mesure dans le département de l'Orne."
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