La rue a vu défiler les siècles et les foules. Pavés et maisons à colombages en ont fait un passage incontournable pour les visiteurs de Rouen. Aujourd’hui, les antiquaires sont moins nombreux mais leurs boutiques donnent encore ce caractère si singulier qui a offert à ce petit coin de ville son nom de rue des antiquaires.
Mondialement connu
Aujourd’hui tranquille, la rue a longtemps été un lieu populaire, bourré d’estaminets. Animée, parfois mal fréquentée, elle a changé d’image pour devenir le repaire des vendeurs de beaux témoins du passé. "Le changement s’est opéré dans les années 70, lorsque la rue a été intégrée au secteur piétonnier, explique Jacques Tanguy, guide conférencier. Il y a alors eu mutation sociologique et les antiquaires ont été de plus en plus nombreux à s’installer là."
Pourquoi venir s’établir ici ? La raison première est économique. "Le quartier entre Saint-Ouen et Saint-Maclou était bien moins cher que ceux du centre", raconte Benoist Planage, issu d’une famille d’antiquaires installée rue Damiette depuis 1927. "Avoir un quartier à thème attirait les clients, grâce au choix important qu’il permettait."
Il y règne encore un esprit de village, en plein cœur de la ville. "Nous nous connaissons tous, faisons partie des mêmes clubs, nous nous rencontrons dans les salons", s’amuse Pierre Lemaître, installé rue Damiette depuis treize ans.
Si meubles et tableaux anciens font toujours la joie des flâneurs, le nombre des antiquaires ne cesse de diminuer depuis vingt ans. L’âge d’or est révolu. Certains doivent diversifier leur activité. L’un d’ente eux ouvre par exemple des chambres d’hôtes rue Damiette. "A l’origine, les antiquaires occupaient tout un quartier dont l’axe principaleétait cette rue", note Pierre Lemaître. "On en trouvait également sur la place devant l’église Saint-Maclou ainsi que rue Saint-Romain. Il y avait de la demande, la bourgeoisie locale étant une des plus importantes de France à l’époque." Rouen possède, aujourd’hui encore,plus d’antiquaires que les villes de même importance. La rue demeure réputée bien audelà de nos frontières. "Certains de mes clients viennent du monde entier, se réjouit Pierre Lemaître. Il sont Russes, Chinois..."
Peu à peu, les restaurants ont investi cette rue paisible. Elle voit cependant s’installer de nouveaux antiquaires. Le “petit dernier” a pris ses quartiers en novembre. "C’était un rêve d’ouvrir une boutique rue Damiette", sourit l’intéressé,Jacky Duthil, dont la femme Florence gère le magasin. "Il y a beaucoup de passage. La clientèle ici aime flâner, admirer, sans forcément acheter", note-t-il.
La rue Damiette conserve donc sa saveur particulière. Le temps semble s’y écouler plus doucement qu’ailleurs, les gens y prennent le temps de vivre. Comme si tous ces trésors, exposés derrière les vitrines des boutiques, donnaient au lieu un goût d’éternité.
Anne Letouzé
Repères
Damiette C’est le nom d’une ville d’Egypte qui a servi de port aux Croisés. Pour se rendre à Harfleur, d’où ils embarquaient, ceux-ci passaient à Rouen, par cette rue.
Origine Les antiquaires étaient, à la base, “collectionneurs d’antiques”. Pour en acquérir de nouvelles, il leur fallait en revendre. C’est ainsi que le métier est né.
Exception Aujourd’hui disparue, les journées de l’art d’exception, organisées tous les ans en octobre, étaient l’occasion d’exposer des pièces hors du commun.
Crise Comme tout le monde, la vente d’objets anciens a souffert de la crise, mais certains antiquaires estiment que les antiquités sont considérées comme des valeurs-refuges.
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