À une dizaine de kilomètres d'Alençon, le bruit d'un klaxon retentit dans le bourg de Saint-Léonard-des-Bois (Sarthe), une voiture s'arrête face au bar Le Bon Laboureur. Avec un grand sourire, le conducteur fait signe de la main au seul buraliste du village. Il est bien connu ici, Richard Le Bhien a ouvert son bar-tabac hôtel fin février 2020, une date blanche pour les aides gouvernementales liées à la crise sanitaire.
Ambitions à la baisse
À son arrivée il y a bientôt un an, le jeune entrepreneur a en tête de faire battre le cœur du village, notamment avec sa salle de billard jouxtant le bar pour "passer de bonnes soirées" devant la télé qu'il a achetée, spécialement pour retransmettre les matchs de foot. Mais la Covid-19 a détruit tous ces projets sur son passage. Le constat est amer. Aujourd'hui, le bar-tabac hôtel n'est plus qu'un moulin à tickets à gratter et à paquets de cigarettes.
Pour compenser le manque à gagner, Richard Le Bhien a fait toutes les demandes d'aides gouvernementales possibles, en vain. Puisqu'il a ouvert depuis moins d'un an, il n'a pas de chiffre d'affaires de référence pour les mois de janvier et février 2020. Lors de son ouverture, il n'a travaillé qu'une semaine pendant le mois de février. Avec un temps de travail si court, "ce que je demande est ridicule", lâche le buraliste. Ce système de calcul met le propriétaire dans une mauvaise posture, il se sent "abandonné" par le gouvernement. "On est au même stade que tout le monde, ce n'est pas parce que je n'ai pas fait de chiffre d'affaires l'année dernière que je n'en ai pas besoin."
Le Bon Laboureur est le seul bar tabac de Saint-Léonard-des-Bois.
Un gouffre financier
Chaque mois, le propriétaire "tape" dans la trésorerie qu'il a pu se faire les quelques mois d'ouverture en été 2020. La saison dernière a commencé en retard, au mois de juin. "Normalement, on a beaucoup de manifestations sur les week-ends de Pâques, l'Ascension, 1er et 8 mai. Mais cette année, on a tout loupé !", s'exclame-t-il. Avec les faibles ressources qu'il possède, la situation ne pourra pas durer indéfiniment, "je dépense quasiment 2 000 euros en charges mensuelles", et en contrepartie, "j'arrive à toucher 800 euros sur les commissions tabac et jeux". Pour l'heure, le gérant n'a aucune solution qui s'offre à lui, il ne voit plus le bout. Si la situation ne repart pas d'ici le mois de juin, le buraliste devra mettre la clé sous la porte. "Il se passera ce qui se passera", conclut-il, résigné.
Ecoutez ici le Richard Le Bhien :
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