Ils ont d'abord été recrutés par le Crous pour être des animateurs dans les cités universitaires : donner des cours de guitare, organiser des activités, favoriser l'accueil des étudiants… Avec la crise sanitaire, les missions des étudiants référents ont évolué. "On fait de la prévention, du recensement et de l'accompagnement", explique Malik Houarat, étudiant référent pour la résidence du Bois à Mont-Saint-Aignan. Ce sont eux qui font remonter d'éventuelles situations préoccupantes d'étudiants, sujets à la précarité et désormais à la lassitude psychologique. Lors du deuxième confinement, une vaste opération de porte à porte a été lancée, "pour voir si les étudiants ne se sentent pas isolés, s'ils n'ont pas de soucis informatiques ou besoin d'un accompagnement psychologique ou financier", explique Mame-Arame Dione, également étudiante référente. Il aura fallu près de deux semaines pour frapper à toutes les portes de la résidence et recréer un lien.
Isolement et incertitude
"En fin d'échange, la parole se libère, affirme Malik, aussi étudiant en psycho. Ce qui revient le plus, c'est l'isolement et l'incertitude sur la suite. On sent le besoin de contact." "C'est la même journée que l'on vit en boucle. On attend le week-end pour pouvoir sortir", abonde une étudiante en informatique, qui souhaite rester anonyme, tout en saluant le dispositif. "Que des étudiants aillent vérifier que tout aille bien, c'est une bonne initiative." Elle passe des journées entières devant son ordinateur sans voir personne. "On se dit que ça pourrait être pire, mais j'ai des amis qui viennent me voir parce qu'ils n'en peuvent plus", explique-t-elle. Même avis pour Sandou Abourari, en première année de licence géographie et aménagement. "C'est de la solitude subie ! Je ne l'ai pas voulu d'être dans ma chambre comme ça, huit à dix heures par jour devant un écran !", s'emporte-t-il, évoquant des problèmes de connexion récurrents. À la détresse pédagogique, à la précarité des étudiants qui peinent à trouver des petits boulots, s'ajoute donc désormais cette lassitude que les étudiants référents sont là pour repérer. "Ce n'est pas évident de se retrouver dans une chambre de 9 m2 toute une journée en enchaînant les cours", explique Mame-Arame. "On se sent utile", assure-t-elle, quand elle fait remonter les situations les plus inquiétantes à sa hiérarchie ou vers un psychologue. "On a vu des étudiants dans un état d'épuisement intense après deux confinements", lâche finalement Malik, qui juge que le fait de se parler d'étudiants à étudiants crée une "atmosphère qui permet de se libérer". Sont-ils la génération sacrifiée ? "C'est en tout cas difficile", estime-t-il, conscient que la situation a surtout aggravé les choses pour "les étudiants qui ont le moins de moyens et qui avaient déjà du mal à s'en sortir".
Le Crous renforce ses dispositifs face à la crise sanitaire
En Normandie depuis le 1er septembre, plus de 244 000 repas à 1 euro ont été servis aux étudiants boursiers, dont plus de 55 000 à Rouen. Depuis le lundi 25 janvier, tous les étudiants peuvent bénéficier de deux repas quotidiens à 1 euro, ce qui provoque une augmentation de 55 % du nombre de repas servis. 55 étudiants référents permettent désormais la veille sociale dans les cités universitaires de la région. Des aides supplémentaires aux étudiants boursiers ont également été consenties, dont un versement de 150 euros supplémentaires en décembre. Du matériel informatique est aussi prêté. Deux psychologues, recrutés par le Crous, interviennent chaque semaine auprès des étudiants en plus des services de médecine préventive des universités.
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