Cette survivante de l'Holocauste, aujourd'hui âgée de 88 ans, a également appelé, à l'occasion de la cérémonie annuelle à la mémoire des victimes du nazisme, à défendre la "fragile" démocratie face à l'extrême droite, assurant: "Nous défendrons notre Allemagne".
"La pensée et le discours antisémites trouvent de nouveau une voix, sont de nouveau présentables, de l'école aux manifestations" anti-masques, a lancé la présidente de la communauté juive de Munich et de Haute-Bavière, dans un discours au Bundestag.
Charlotte Knobloch faisait notamment référence aux étoiles jaunes identiques à celles imposées aux Juifs sous le régime nazi et portées par certains manifestants protestant contre les mesures coercitives liées à l'épidémie.
Munich avait dû faire interdire le port de ces signes marqués d'un "non-vacciné" par des protestataires assurant à tort que la vaccination contre le Covid-19 serait obligatoire.
D'autres références, notamment à la jeune déportée Anne Frank, dont le journal a été lu par des millions de personnes, ont choqué les Allemands lors de ces rassemblements.
Haine et dénigrement
Survivante de l'Holocauste qui a emporté six millions de juifs assassinés dans les camps d'extermination nazis, Charlotte Knobloch a également dénoncé le rôle d'internet, réceptacle et déversoir "de la haine et du dénigrement en tout genre".
S'exprimant notamment devant le chef de l'Etat allemand, Frank-Walter Steinmeier et la chancelière Angela Merkel, cette octogénaire intervenait dans le cadre de la Journée annuelle du souvenir des victimes du nazisme.
Les cérémonies cette année ont été restreintes en raison de la pandémie de Covid-19. Mais elles ont été symboliquement marquées par la présentation d'un rouleau de la Torah de Sulzbach, en Bavière, datant de 1792 et retrouvé par hasard en 2013.
"Pas un seul jour nous ne devons oublier à quel point les conquêtes précieuses de ces 76 dernières années sont fragiles", a-t-elle martelé dans un discours plein d'émotions au cours duquel elle a raconté comment elle avait été sauvée de la déportation par une femme catholique qui l'a cachée dans une ferme bavaroise à partir de 1942.
L'ancienne présidente du Conseil central des juifs d'Allemagne a également montré du doigt "la haine contre les juifs" qui s'enracine "dans le milieu de la société", "là où l'acceptation des valeurs démocratiques est rejetée", "mais aussi là où on ne dit pas juif mais sioniste et où l'Etat d'Israël est diffamé".
"Grand danger"
Mais elle a réservé ses charges les plus véhémentes pour les 88 députés du parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), qui forme depuis près de quatre ans la première force d'opposition au Bundestag.
"Je ne peux pas faire comme si cela ne me préoccupait pas que vous soyez assis ici", a-t-elle dit, qualifiant l'extrême droite "de plus grand danger pour tous" en Allemagne.
"Vous allez continuer de vous battre pour votre Allemagne. Et nous continuerons de nous battre pour notre Allemagne".
La date du 27 janvier a été choisie en souvenir de la libération ce même jour de 1945 du camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau par l'Armée rouge.
Les soldats soviétiques avaient alors découvert quelque 7.000 prisonniers hagards et affamés qui avaient survécu au travail forcé.
Quelque 1,1 million de personnes dont une immense majorité de juifs ont été assassinés dans ce camp de la mort dans le sud-est de la Pologne alors occupée par les nazis.
Les autorités allemandes s'alarment de la résurgence de l'antisémitisme. La chancelière a déjà fait part de sa "honte" devant un tel phénomène alors que les crimes antisémites ont augmenté de 19% en 2019, à 2.032.
L'Allemagne marquera tout au long de l'année les 1.700 ans de la présence des Juifs sur ce qui est aujourd'hui son territoire.
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