Le classement étoilé, inchangé depuis 1986, a été revisité de fond en comble par la loi Novelli, votée en juillet 2009. L’application de ces nouvelles normes prendra effet le 23 juillet. Les petits panneaux bleus, apposés sur les façades des hôtels, vivent leurs dernières heures. Ce changement cache, en coulisse, un bouleversement, tant le nouveau classement diffère de l’ancien. De 30 critères d’évaluation, il passe à presque 250, allant du critère obligatoire comme un hall chauffé au critère facultatif : la mise à disposition de produits d’accueil biologiques dans les salles de bain.
L’inquiétude des indépendants
A Rouen, les hôteliers s’accordent à dire que le classement précédent était obsolète. "C’est toujours bon de remettre en question l’offre hôtelière, surtout vis-à-vis de la clientèle étrangère", apprécie Julien Marchal-Guéret, directeur de l’Hôtel de Dieppe (Best Western). Mais les avis divergent quant à la pertinence du nouveau. "Cela demande des investissement lourds, pour répondre aux normes demandées."
Des établissements sont fin près pour le 23 juillet, affichant déjà la nouvelle petite plaque rouge. D’autres, souvent des indépendants, attendent de voir. "Cela ne sert à rien de se précipiter", juge le gérant d’un hôtel indépendant de Rouen, qui préfère entamer des travaux de mise aux normes sécurité et handicap avant de se lancer dans la course aux étoiles. Car adhérer à ce nouveau classement a un coût : une étude a montré que 65% des indépendants ne devraient pas être classés pour cette raison.
Certains à Rouen ont donc fait le choix de perdre leurs étoiles. "Le nouveau classement oublie ce qui, à mon sens, est le plus important : la qualité de l’accueil, l’humain", regrette l’un de ceux-ci, qui pointe du doigt des incohérences. "Les critères ne tiennent pas compte du renouvellement de la literie. Un matelas de 20 ans apporte le même nombre de points qu’un neuf. C’est absurde." Eric Corruble, propriétaire de l’Hôtel-Ermitage, a fait une demande de classification. Il n’est cependant pas convaincu par le nouveau classement. "Les critères retenus sont ceux de l’hôtellerie de chaîne. Ils ne tiennent pas compte du charme d’un hôtel et du fait qu’il soit installé dans des bâtiments anciens."
Ne plus faire partie du réseau étoilé est-il pénalisant ? "Nos clients nous connaissent, le bouche à oreille fonctionne bien. Ne plus avoir d’étoile ne devrait pas nous nuire au moins dans un premier temps", confie le gérant d’un hôtel indépendant. Les professionnels attendent surtour des retombées internationales : "Ce classement est une bonne chose en terme de visibilité par rapport à la clientèle étrangère et nous donne une autre notoriété", estime Christophe Pomarede, directeur de l’Hôtel Mercure Rouen Centre. Certains établissements risquent cependant de voir le ciel leur tomber sur la tête.
Anne Letouzé
-
Repères
1986. Cette année-là était instauré le classement étoilé, composé de trente critères, qui est resté en vigueur dans l’hôtellerie française jusqu’à aujourd’hui.
Audit. N’est pas étoilé qui veut. Afin d’avoir l’autorisation d’afficher le précieux panneau, l’hôtel doit passer avec succès un audit mené par des instituts indépendants.
Panneau. Le nouveau classement étoilé est signalé par de nouveaux panneaux. Jusqu’à quatre étoiles, le panneau sera rouge. Les cinq étoiles auront un panneau or.
Contrôle. Le nouveau classement étoilé spécifie qu’à partir de quatre étoiles, l’établissement recevra la visite d’un client mystère pour valider son classement.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.