"Flamanville a vécu une année hors normes, comme jamais elle n'en a connu et comme jamais sûrement elle n'en aura à vivre à l'avenir", résume le directeur de la centrale de Flamanville 1 et 2, Patrice Gosset.
Et pour cause, la crise sanitaire s'est ajoutée à une activité déjà perturbée. La visite décennale du réacteur numéro 2 a été prolongée jusqu'à près de deux ans (au lieu de 130 jours initialement) pour finalement redémarrer le 11 décembre 2020. Quant au réacteur numéro 1, arrêté depuis septembre 2019 et sous surveillance renforcée par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), il devrait être reconnecté au réseau fin février 2021, "pour atteindre une puissance maximale (1 300 Mégawatts) un mois plus tard", assure le directeur.
Comment expliquer ces nombreux retards quant au redémarrage des tranches 1 et 2 ?
Sur la tranche 2, nous étions en visite décennale [depuis le 10 janvier 2019, NDLR], qui représente un gros arrêt. On a détecté des problèmes de corrosion sur des matériels extérieurs et qui concernaient le diesel de secours. J'ai alors décidé d'entreprendre des travaux de remplacement, qui ont débuté il y a un peu plus d'un an, dans des conditions météo difficiles. Ces mêmes travaux ont été réalisés sur la tranche 1. J'ai demandé ensuite de faire un examen au peigne fin de toutes les installations et nous avons reprogrammé des travaux supplémentaires sur les réacteurs 1 et 2.
Cela nous a donc conduits à doubler l'activité prévue initialement lors de la visite décennale.
Combien ces opérations ont-elles coûté ?
Une visite décennale coûte normalement 30 millions d'euros, nous avons investi le double et dix millions supplémentaires pour mettre à jour nos quatre diesels sur les réacteurs 1 et 2. 1 500 personnes supplémentaires ont travaillé sur le site lors de la visite décennale. En temps normal, nous avons 1 000 à 1 200 personnes qui travaillent quotidiennement sur le site.
On n'a pas chômé et je suis fier de ce que les équipes ont réalisé.
Qu'est-ce qui a fait défaut, selon l'Autorité de surveillance du nucléaire (ASN) ?
On a dû refaire certaines activités plusieurs fois, parce qu'on a fait une erreur. Or, ce n'est pas ce qu'on attend dans notre industrie. On a pu manquer de rigueur aussi dans nos écrits. On a aussi fait des choix de maintenance qui n'étaient pas appropriés, en reculant des dates par exemple.
On a tous eu notre part de responsabilité dans ce qui a fait défaut, et là, on fait en sorte que ce soit beaucoup mieux.
Patrice Gosset
Quels sont vos objectifs pour l'année 2021 ?
Notre premier objectif est de redémarrer le réacteur numéro 1 fin février, ensuite d'avoir une année de production en toute sûreté. On va également montrer que l'on s'est amélioré lors de l'inspection (WANO) d'une cinquantaine de professionnels, qui aura lieu fin mars 2021, et ce, pendant trois semaines. Enfin, nous préparerons en 2021 le changement de quatre générateurs de vapeur, par réacteur, pour 2022 et 2023.
Patrice Gosset
Avez-vous d'autres projets en cours ?
Nous sommes en train de contribuer au développement de l'utilisation de voitures électriques, en déployant 500 bornes de recharge sur les parkings 1, 2 et 3 (EPR), pour les salariés de la centrale. Ce parc, le plus grand en France, devrait être opérationnel fin février-début mars. On y croit car nous sommes persuadés que la question du réchauffement climatique passe par l'électricité, qui est en France une électricité décarbonée, pas chère, et sûre.
Patrice Gosset
Enfin, comment la centrale s'organise-t-elle au quotidien par rapport à la situation sanitaire ?
Un cluster a été détecté au tout début de la crise sanitaire, au printemps. Jusqu'à 80 personnes ont été contaminées. Nous avons alors mis des mesures en place. Depuis, nous n'avons pas eu de nouveaux cas. Actuellement, entre 10 et 15 % de nos équipes sont en télétravail, soit une petite centaine de personnes. Le réfectoire est quant à lui ouvert, mais le protocole reste strict.
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