Publié aux Presses de la cité, Le grand art des petites escroqueries traite du mensonge et de ses pouvoirs ainsi que des secrets de famille et de leurs conséquences. Conçu selon le principe de la mise en abyme (un roman dans le roman), il nous entraîne sur les traces de Julia, auteure disparue précocement. Sophie Endelys nous parle de son roman.
Quel est le véritable sujet du roman ?
Maxence St Just, un des personnages équivoques du roman, a imaginé une méthode d'enseignement basée sur la technique des faux-semblants. Il ouvre une école où la fraude et le chantage sont élevés au rang d'art. Le mensonge ouvre un champ infini : les bons menteurs ne sont-ils pas au sommet de la pyramide sociale ? Je me suis inspirée de la notion de "post-vérité" qui interroge le réel : ne serait-il qu'une imposture ? Serions-nous bâtis pour mentir et duper ? Serions-nous construits pour croire n'importe quoi ? Dans Le grand art, j'ai voulu mettre en opposition l'opacité du mensonge et la transparence de la vérité. Tout oppose Maxence à cette famille de lunettiers dont est issue Julia qui, depuis plusieurs générations, cherche à inventer des verres capables de capter sans filtre la pensée des autres.
Dans quelle mesure l'écriture et votre activité de magistrate font-elles écho ?
La réalité dépasse la fiction, les tribunaux sont le théâtre des passions humaines, des conflits, de la souffrance et de l'incroyable. Cependant, écrire est une parenthèse dans mon métier. Le réel paraît parfois trop étroit, les jugements trop lisses, j'ai eu envie et besoin de célébrer l'humain et sa vulnérabilité différemment, de sortir du jugement. J'aime changer l'angle de vue et me laisser surprendre par la destinée de mes personnages. Pour moi, écrire, c'est s'aventurer et confronter des personnages ordinaires à des situations extraordinaires.
Pourquoi avoir choisi de construire le roman sur une mise en abyme ?
Je vois l'écriture comme un travail de tapisserie, chaque page d'écriture est un canevas. J'apprécie les histoires en forme de kaléidoscope, la construction d'un roman en puzzle, les boîtes dans les boîtes. L'imbrication des intrigues donne de l'épaisseur et c'est ma façon d'inviter le lecteur à se plonger dans cette spirale de mensonges.
Pratique. Sophie Endelys, Le grand art des petites escroqueries, Les presses de la cité, 20 €
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