Après plusieurs semaines de crise interne, les trois dirigeants du CFCM avaient annoncé samedi un accord à l'arraché sur ce texte qui affirme la "compatibilité de la foi musulmane avec les principes de la République", dont la laïcité, "l'égalité homme-femme" et rejette "l'instrumentalisation de l'Islam à des fins politiques".
Annoncée par un communiqué de l'institution, son adoption formelle par les neuf fédérations composant le CFCM ouvre la voie à une vaste restructuration de la deuxième religion de France et notamment à la création d'un Conseil national des imams (CNI), qui sera chargé de "labelliser" les imams exerçant en France.
Dans un communiqué distinct, l'Elysée a annoncé dans la foulée qu'Emmanuel Macron recevrait lundi à 12H00 les représentants du CFCM en compagnie du ministre de l'Intérieur et des Cultes, Gérald Darmanin, qui avait déjà salué samedi une avancée contre "l'islam politique".
Mi-novembre, le président de la République avait lui-même réclamé au CFCM cette réaffirmation formelle des principes républicains, dans la foulée de son offensive contre le "séparatisme" et l'islam radical, qui a été, depuis, formalisée dans un projet de loi. L'examen de ce texte controversé et critiqué commence lundi à l'Assemblée nationale.
"Si certains ne signent pas cette charte, nous en tirerons les conséquences", avait averti le président qui avait accentué sa pression sur les représentants musulmans après les attentats contre Samuel Paty mi-octobre et dans la basilique de Nice deux semaines plus tard.
"Unité" et "cohésion"
Selon le communiqué du CFCM, cette charte, dont le contenu n'a pas été rendu public, pose notamment que "le principe d'égalité devant la loi oblige tout citoyen dont le musulman de France à inscrire son vécu dans le cadre des lois de la République garantes de l'unité et la cohésion de notre pays".
Ce texte de 7 à 8 pages réaffirme également "le principe d'égale dignité humaine dont découle l'égalité Femme-Homme, la liberté de conscience et de religion, l'attachement à la raison et au libre-arbitre, le rejet de toute les formes de discrimination et de la haine de l'Autre".
D'après le communiqué, la charte fait également référence aux actes hostiles visant les musulmans en France tout en rejetant l'idée d'un racisme institutionnalisé.
"La charte rappelle que les actes hostiles aux musulmans de France et aux symboles de leur foi est l'œuvre d'une minorité extrémiste qui ne saurait être confondu ni avec l'État ni avec le peuple français", indique ainsi le communiqué du CFCM, dont la représentativité est régulièrement mise en cause.
Dans une allusion aux discriminations qui peuvent frapper les musulmans en France, le texte rappelle leur "attachement (...) à leur citoyenneté pleine et entière"
La charte s'élève également contre "l'ingérence" des Etats étrangers dans l'exercice du culte musulman, également dans le collimateur des autorités et du projet de loi contre le séparatisme. Une de ses dispositions prévoit ainsi d'encadrer plus strictement les dons étrangers de plus de 10.000 euros .
Le chef de l'Etat avait, de son côté, déclaré qu'il entendait mettre fin, d'ici à quatre ans, à la présence en France des 300 imams étrangers "détachés" par la Turquie, le Maroc et l'Algérie.
Si la portée exacte et le champ d'application de la charte restent encore à préciser, le CFCM a indiqué dimanche qu'il rechercherait "l'adhésion la plus large possible" au sein des différents acteurs du culte musulman.
"Le CFCM soumettra, via ses instances, le texte de la charte ainsi que les textes fondateurs du Conseil national des imams (CNI) aux acteurs locaux, imams et responsables de mosquées, en vue d'une consultation et une adhésion les plus larges possibles", indique le communiqué.
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