La première fois qu’il est entré dans une prison, c’était comme ingénieur, pour installer du matériel de sécurité. Désormais à la retraite, le Bondevillais Yves Meyer fréquente toujours la prison, mais en tant que visiteur.
Délégué régional de l’Association nationale des visiteurs de prison (ANVP), le retraité suit ainsi, une semaine sur deux, deux détenus de la prison du Val de Reuil. Un dialogue à huis clos, construit avec le temps, fait de larmes, de silences, de confidences, de fous-rires même. Bref, une parcelle d’humanité dans un monde fermé où il ne reste souvent plus que de la violence à échanger. “Mais où est finalement la limite entre un homme normal et un détenu ?” s’interroge souvent Yves Meyer.
L’angoisse de la sortie
A force d’entrer dans la vie des gens, il sait désormais que rien n’est vraiment noir ou blanc. “J’ai appris à mettre des nuances, ne pas réduire les hommes à leurs actes”. Pas question pour autant de faire de l’angélisme. “Le dialogue n’est pas toujours facile. Certains tentent même de nous manipuler. Il faut juste rester soi-même et surtout écouter”, résume Yves Meyer. “Quand on nous affecte un détenu, on ne sait pas ce qu’il a fait d’ailleurs. Nous ne sommes pas là pour faire son procès. Il a déjà été jugé”.
Régulièrement, son entourage lui demande bien pourquoi il ne s’occupe pas plutôt des victimes. “Il existe déjà pour elles des structures d’aide”, rétorque-t-il. “En revanche, qui s’occupe des détenus ? Les amis ? il n’y en a plus. La famille ? dispersée. Et au bout, il y a l’angoisse de la sortie”. Pour Yves Meyer, être visiteur de prison, c’est donc cela, entretenir le fil ténu qui relie encore chaque détenu à la société, à défaut de quoi, prévient-il, “on finira par en faire des chiens enragés”.
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