Et avec elle, un métier, un savoir-faire. Stéphane Marquis arrive essoufflé, la lampe-torche coincée dans la poche arrière et son débit part comme une mitraillette. Le temps presse. Dans quelques jours, le projectionniste de l’Omnia aura perdu son projecteur, passage au numérique oblige. D’un geste sûr et machinal, il enclenche les derniers films dans un gymkhana de galets.
“C’est sûr, ce ne sera plus tout à fait pareil”, reconnaît Stéphane Marquis. Moins de manipulations. Moins d’allées et venues entre les salles. Sa passion pour le métier, née dans l’enfance, pourrait en prendre en coup. “J’ai découvert le cinéma avec le cinéclub du collège d’Abbeville !” se souvient-il. Les grands westerns, John Ford, l’émotion, les histoires...
Passage au numérique
Adulte, pour gagner sa vie, Stéphane Marquis ouvre un restaurant à Yvetot. Mais sa fascination pour le grand écran ne l’a pasquitté. Quand, à 42 ans, la vie l’oblige à changer de métier, il s’interroge : “J’aimais le cinéma. J’avais passé l’âge d’être acteur. J’ai choisi projectionniste”. Il passe ainsi le CAP et travaille pendant cinq ans au Melville avant de débarquer à l’Omnia.
“Jusqu’à présent, nous avions deux postes et demi pour sept salles. Avec le passage au numérique, je vais me retrouver presque tout seul !” Un métier bouleversé, en voie d’extinction. Déjà, le déménagement se prépare sur les plateaux déshabillés. Il imagine la vie quand le serveur aura remplacé le projecteur, quand les paramètres électroniques feront oublier les bricolages de dernière minute. Cela lui laissera peut-être plus de temps encore pour regarder les films. A moins qu’il ne choisisse de remonter un restaurant “C’est vrai, ça me titille depuis longtemps”, reconnaît Stéphane Marquis. “Un restaurant sur le thème du cinéma” !
Ariane Duclert
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