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"Un changement brutal": les Cubains affolés face à l'envolée des prix

France-Monde. Raisa rentre chez elle chercher de l'argent pour compléter ses courses, Arturo s'indigne du nouveau tarif du bus, Norma ne comprend pas pourquoi les magasins n'acceptent déjà plus le CUC: à Cuba, 2021 commence sous le signe d'une envolée des prix.

"Un changement brutal": les Cubains affolés face à l'envolée des prix
Des Cubains font la queue devant une banque, le 4 janvier 2021 à La Havane - ADALBERTO ROQUE [AFP]

Lundi, les habitants de l'île ont repris leurs activités et les magasins ont rouvert, dévoilant les premiers effets de la complexe réforme économique lancée par le gouvernement communiste, l'une des plus ambitieuses depuis des décennies.

Au menu: la fusion des deux monnaies locales cohabitant depuis 26 ans, pour supprimer le CUC, aligné sur le dollar, et ne laisser que le CUP, qui vaut 24 fois moins. A cela s'ajoute un bond des salaires - le revenu minimum est multiplié par cinq - mais aussi des prix, notamment des aliments et de l'électricité.

Dans le Vedado, quartier central de La Havane, Raisa Lemus rentre déçue de ses courses.

"Je suis juste, juste", dit-elle en montrant les marchandises qu'elle porte dans les bras, à peine la moitié de ce qu'elle espérait acheter à la bodega, où les Cubains se ravitaillent en aliments essentiels via la libreta, le carnet d'approvisionnement.

"Incompréhensible"

Cette chanteuse de 39 ans, mère d'un garçon de 18 mois, se dépêche de rentrer chez elle, car elle doit revenir à la boutique compléter ses achats.

"Je n'avais pas assez d'argent, le changement est vraiment brutal", soupire-t-elle, jugeant insuffisante la hausse de son salaire, qui vient de passer à 3.000 pesos (125 dollars).

"Avant, je dépensais environ 60 pesos, pas grand-chose, et maintenant, avec la moitié ou un peu moins des produits que je suis censée acheter, j'ai dû payer plus de 300 pesos".

Elle s'affole en faisant les calculs: "Il me manque l'huile, le café, les produits d'hygiène et les haricots. Bon, tout ça va me coûter 1.000 pesos!"

Autre source d'inquiétude: alors que les autorités ont dit que le CUC disparaîtrait de la circulation d'ici six mois, dès lundi de nombreux magasins affichaient des panneaux annonçant "A partir du 1er janvier, vente seulement en CUP".

"C'est incompréhensible, et c'est pour ça que c'est comme ça face à la banque", confie Norma Pousada, 70 ans, dans une des nombreuses queues qui se sont multipliées devant les agences bancaires, certaines personnes étant venues se placer dès 5H00, dans l'espoir de changer leurs CUC en CUP.

"Cela ne se passe pas comme avait dit Murillo", se plaint la retraitée, en référence à Marino Murillo, responsable de l'application des réformes économiques du Parti communiste (PCC, unique), qui a passé de longues heures ces dernières semaines à expliquer à la télévision que tout irait bien.

"De l'abus!"

La réforme, annoncée début décembre par le président Miguel Diaz-Canel, est le sujet de conversation de tous les Cubains, dans les rues et sur les réseaux sociaux: on s'inquiète des prix élevés, on s'informe des magasins acceptant encore le CUC...

"Deux pesos, c'est de l'abus!", grogne Arturo Sobrado, 71 ans, en voyant passer un autobus avec une affiche annonçant le nouveau tarif. Cette hausse, "je la vois d'un très mauvais oeil". Il y a quatre jours, il payait 40 centimes pour monter à bord.

Pour Ricardo Torres, économiste de l'Université de La Havane, l'un des grands problèmes est que la hausse des salaires n'est pas homogène, alors que les prix et tarifs ont été multipliés.

Rien que le pain, symbole de l'égalitarisme cubain et au prix inchangé depuis 40 ans, a flambé de 5 centimes à un peso.

L'électricité a, elle, grimpé de neuf pesos (0,4 dollar) à 32,78 pesos (1,3 dollar) pour ceux qui consomment 100 kilowatts/heures par mois. Pour ceux qui consomment le double elle passe à 157,78 pesos (6,54 dollar).

"Le calcul du panier de base est sous-estimé, en ce qui concerne la consommation d'une famille", estime l'économiste, selon qui les plus affectés seront ceux qui n'ont pas d'emploi formel dans le secteur public.

Lianet Rodriguez, qui avait arrêté de travailler pour s'occuper de ses trois jeunes enfants, réfléchit déjà à rechercher un emploi. "Cela fait beaucoup de changements, on va attendre de voir ce qui se passe", déclare-t-elle, se disant déjà "très inquiète".

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