Six mois après l'adoption d'une loi draconienne sur la sécurité nationale à Hong Kong, l'audience apparaît emblématique de la reprise en mains de l'ancienne colonie britannique par Pékin.
"Leur seul crime est d'avoir fui la tyrannie", a déclaré un porte-parole de l'ambassade des Etats-Unis à Pékin. "La Chine communiste ne s'arrête devant rien pour empêcher ses ressortissants d'aller trouver la liberté ailleurs".
Le groupe de 12 hommes, dont le plus jeune était âgé de 16 ans, avait été arrêté par les gardes-côtes chinois à 70 km au sud-est du territoire autonome le 23 août, avant d'être remis à la police de Shenzhen, métropole de Chine continentale aux portes de Hong Kong.
Ils tentaient de se rendre à Taïwan, île rivale de la Chine communiste.
L'audience devait s'ouvrir lundi à 14h30 (06h30 GMT) au tribunal du district de Yantian à Shenzhen. Mais une heure plus tard, la justice n'avait toujours pas confirmé si l'audience avait ou non débuté.
Les journalistes étrangers étaient empêchés d'accéder au tribunal, a constaté une équipe de l'AFP. La police a relevé l'identité des reporters a qui elle a intimé l'ordre de circuler.
Une dizaine de diplomates de plusieurs pays (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni) ont également été empêchés d'assister au procès.
Selon les familles des accusés, trois d'entre eux disposent de la nationalité britannique, portugaise et vietnamienne.
Dossier 'secret'
Les familles ont annoncé vendredi que 10 des prévenus seraient jugés lundi. Les deux autres, mineurs au moment des faits, doivent être jugés séparément à une date non précisée.
Ils sont accusés de passage illégal de la frontière. Deux d'entre eux sont en outre accusés d'avoir organisé la fuite de l'ensemble du groupe. Ces derniers risquent jusqu'à sept ans de prison.
Les opposants avaient disparu dans l'opaque système judiciaire chinois depuis leur capture, leurs avocats bataillant pour avoir accès à eux.
Certains des passagers du hors-bord étaient déjà menacés de poursuites à Hong Kong pour leur implication dans les immenses manifestations pro-démocratie ayant secoué la ville l'an dernier.
La contestation a été étouffée début 2020 par l'épidémie de coronavirus, qui a entraîné la fin des manifestations, puis par l'imposition par Pékin fin juin d'une nouvelle loi rigoureuse sur la "sécurité nationale".
Les détracteurs de la loi estiment qu'elle a mis fin aux libertés de Hong Kong qui avaient été garanties en vertu du principe "Un pays - deux systèmes" lors de la rétrocession du territoire à la Chine par la Grande-Bretagne en 1997.
Les familles des inculpés ont rapporté que les autorités leur avaient indiqué qu'il s'agissait d'un dossier "secret" et que le public ne serait pas admis à l'audience, pas plus que la presse.
Seules les familles étaient autorisées à demander au juge la permission d'assister au procès, selon la même source. Mais pour cause d'épidémie, les habitants de Hong Kong ne peuvent entrer actuellement en Chine continentale.
Le régime communiste a pour habitude de condamner des opposants au moment des fêtes de fin d'année, lorsque l'attention du reste du monde est réduite.
Le même jour, la "journaliste citoyenne" Zhang Zhan, arrêtée après avoir couvert en début d'année la mise en quarantaine de la ville de Wuhan, berceau du nouveau coronavirus, a été condamnée à Shanghai à quatre ans de prison.
"Comme pour les autres cas politiquement sensibles, ils profitent de la période de Noël pour minimiser les critiques internationales", avait estimé la semaine dernière sur Twitter un proche de l'un des prévenus hongkongais.
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