Laurent Manœuvre, historien émérite et commissaire d'exposition, s'essaye avec brio au roman. Dans le livre "La peintre", il nous raconte le destin de Virginie Ruel d'Orbec, un personnage de fiction, et son combat pour faire reconnaître son talent d'artiste à l'époque des impressionnistes dans une société encore empesée d'âpres préjugés à l'égard des femmes artistes.
Un roman didactique
L'auteur est un spécialiste d'Eugène Boudin. On lui doit en particulier la première rétrospective de l'œuvre du maître organisée en 1992 au musée de Honfleur. L'historien d'art a publié une vingtaine d'ouvrages documentaires consacrés à son artiste de prédilection mais aussi aux peintres de marines et aux impressionnistes ainsi que de nombreux catalogues d'exposition et publications scientifiques. "Il y a quelques années, les éditions des Falaises me commandèrent un ouvrage documentaire sur les femmes artistes à l'époque des impressionnistes, explique-t-il. Ce fut le point de départ de mon roman." À peine le livre publié, Laurent Manœuvre s'attèle à la rédaction de cette première fiction : "C'était un nouvel exercice pour moi, et aussi le moyen de renseigner le lecteur d'une autre façon sur cet univers et sur ces femmes artistes rejetées car elles étaient nées femme." Quoique fictive, l'histoire retranscrit fidèlement l'ambiance de l'époque et l'auteur s'amuse à conjuguer évènements historiques et fiction : "Certaines œuvres de Renoir, de Monet, de Manet ou de Degas participent à la trame de ce récit et les vrais connaisseurs auront plaisir à retrouver ces toiles."
Les paradoxes d'une époque
"L'histoire de l'héroïne s'inspire en partie du destin de Marie Bracquemond, la peintre impressionniste, qui était aussi mariée à un graveur", nous confie l'auteur. Le roman évoque la compétition qui pouvait exister au sein de ces couples d'artistes. "Il y avait à la fois une grande connivence entre eux mais aussi une concurrence et des mésententes esthétiques qui pouvaient nuire à leur relation. Même si les gens issus du milieu artistique semblent de prime abord s'affranchir des règles de la vie bourgeoise, une femme peintre pouvait être contrainte d'arrêter la peinture dès lors qu'elle se mariait." Le XIXe siècle est une époque paradoxale partagée entre tradition et modernité tant socialement qu'artistiquement dont témoigne ce très beau roman à travers le parcours de vie mouvementé de cette femme artiste.
Pratique. Laurent Manoeuvre, La peintre, éditions des Falaises, 19,5 €
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