Ex-antiquaire et galeriste, le Dieppois Bruno Delarue a déjà édité une cinquantaine d'ouvrages sur la peinture chez Terre en vue, la maison d'édition qu'il a lui-même créée. Ce nouvel opus, publié cette année, nous montre dans quelle mesure la ville de Rouen a inspiré les artistes du début du XIXe siècle jusqu'à la Première Guerre mondiale. Son approche rompt parfois avec les idées communément admises.
Une vision à contre-courant
"J'ai écrit ce livre avec l'ambition de faire tomber certaines théories encore bien tenaces", confie-t-il. L'auteur n'accorde en effet qu'un court chapitre aux peintres dit "de l'école de Rouen" pourtant réputée dans le monde de l'art. "Pour moi, il s'agit d'une imposture ! il n'y a pas d'école de Rouen et il n'y a pas eu d'avant-garde à Rouen. Cette école n'a pas sa place dans l'histoire de l'art. Ce sont essentiellement des suiveurs, d'ailleurs leur production est postérieure à l'impressionnisme. Seuls Lebourg et Angrand méritent d'être distingués pour leurs recherches plastiques et leur inventivité, mais les institutions peinent encore à reconnaître leur talent. D'ailleurs, il n'y a toujours pas eu de grandes rétrospectives de leurs œuvres", regrette l'auteur qui souhaite faire réfléchir le lecteur.
Des débuts romantiques
Pour Bruno Delarue, tout commence à Rouen avec l'époque romantique : "C'est à ce moment-là que la peinture de paysage a fait son apparition. Auparavant le paysage était recomposé pour lui donner une apparence idéale. Le vrai renouveau s'exprime à Rouen avec les peintres anglais Bonington et Turner qui vont réaliser de nombreuses aquarelles sur le motif, lithographies, aquatintes et huiles inspirées par le paysage urbain et son aspect pittoresque". L'auteur présente l'histoire de la peinture à Rouen de manière chronologique mais s'autorise aussi quelques approches thématiques. "J'évoque en particulier les panoramas, un genre à part entière qui a connu un véritable engouement au XIXe siècle. La ville de Rouen a souvent été choisie pour thème à ces panoramas pour sa géographie si particulière, nichée dans une cuvette. Elle peut être saisie dans son ensemble des hauteurs." L'auteur s'amuse aussi à comparer la façon dont les artistes ont pu s'emparer d'un même sujet : "La rue de l'épicerie a inspiré aussi bien Monet que le Rouennais Pierre Dumont. Ce fut un motif idéal pour de nombreux artistes à cause de la perspective qu'elle offrait."
Bruno Delarue, Rouen, humeurs picturales, Editions Terre en vue, 18€
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