Que représente le Muséum pour les habitants de Rouen ?
“Pour les Rouennais, le Muséum d’histoire naturelle est un lieu emblématique. De génération en génération, tout le monde y a mis les pieds en culottes courtes. Cet endroit marque les esprits par la richesse des collections et leur diversité (c’est l’un des muséums les plus riches de France) et par l’esprit des lieux du XIXe siècle. Néanmoins, ce dernier comporte des avantage et des inconvénients. Des avantages, car peu de muséums le possède encore. Des inconvénients, car il peut donner l’impression que rien ne s’y passe. Ce qui n’a jamais été le cas !”
Alors pourquoi les muséums souffrent-ils toujours de cette image vieillotte ?
“Il faut se plonger dans l’histoire des sciences pour mieux comprendre la descente aux enfers qu’ils ont vécu. Ceux-ci sont les héritiers des cabinets de curiosités nés au XVIIIe siècle, puis transformés au XIXe siècle pour alimenter la recherche scientifique. A cette époque, la science avait besoin de comprendre la nature en la classant. Il fallait montrer le savoir humain mais aussi la création de Dieu. Pourtant, peu à peu, tout va aller à l’inverse de l’objectif initial. A la fin du XIXe siècle, l’encyclopédiste-conservateur tout puissant va perdre sa place.”
Pourquoi ?
“Car la science va se spécialiser. A la charnière des deux siècles, la science va s’intéresser à l’infiniment petit et l’infiniment grand. Comment parler de la génétique ou de l’univers dans des muséums ? L’Etat, lui, s’adapte, crée le Palais de la découverte en 1937, doté de nouveaux outils : un planétarium, des expositions sur l’ADN, etc. Dans les années 1980, nouvelle évolution : c’est la création de la Villette à Paris et des Centres de culture scientifique, technique et industrielle en région, où les programmes sont constamment modifiés pour s’adapter aux découvertes.”
Pourtant, certains muséums, comme celui de Rouen, ont survécu...
“Depuis 10-15 ans, l’arrivée en force des problématiques de biodiversité et d’impact de l’homme sur l’environnement ont remis les muséums au goût du jour. Aujourd’hui, les observateurs ont besoin de comprendre ce qu’il y avait avant.”
Quels sont les défis qu’il reste à relever ?
“Aujourd’hui, le Muséum est pris entre le désir de maintenir l’esprit du lieu, cette nostalgie, et de présenter des collections en les interprétant, faire “parler” de vieux objets sous un regard actuel. Je crois que nous vivons un tournant. Nous voyons les chercheurs revenir. Les muséums s’organisent. C’est une vraie révolution. Le muséum figé, c’est terminé.”
Il était une fois...
1828 : Félix-Archimède Pouchet crée le Muséum d’histoire naturelle de Rouen
1834 : ouverture au public les dimanches et fêtes
1996 : fermeture du Muséum
2007 : réouverture après travaux
2011 : restitution de la tête maorie à la Nouvelle-Zélande
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