En seulement quatre ans, de 1958 à 1962, Maurice Géhan expérimente l'évolution des techniques de pêches et des conditions de vie des marins Terre-neuvas. Il nous livre un précieux témoignage dans ce récit publié en octobre dernier, à L'Écho des vagues : Matelot de caïque.
Mousse à 14 ans
C'est à l'âge de 14 ans seulement que Maurice embarque comme mousse sur la caïque Notre-Dame de Bonsecours, à Yport, en 1958. Rien ne prédestine pourtant ce jeune homme à devenir marin, mais, embrigadé par des copains fils de pêcheurs, il se laisse tenter par l'aventure, complètement ignorant et inconscient des dangers qui l'attendent. "Mon beau-père avait bien de grands fils déjà pêcheurs en haute mer, mais ils n'avaient pas partagé leur expérience avec moi. Je me suis vraiment engagé sur un coup de tête, sans solliciter l'aval de ma mère, sans rien connaître du métier." Sous la houlette du capitaine Marcel Legrand, il apprend le dur métier puis s'engage dès la deuxième saison à bord d'un chalutier, avant d'être recruté comme marin à bord d'un chalutier-usine aux techniques de pêche de pointe pour l'époque. "Depuis longtemps j'avais le souhait de raconter cette expérience dans un livre. Quand j'ai pris ma retraite, en 2000, j'ai commencé à coucher sur papier mes souvenirs." L'auteur, qui a longtemps fait partie de l'association des Terre-Neuvas à Fécamp, voulait ainsi faire perdurer l'histoire de ces marins qui partaient en mer pendant de long mois pour ces campagnes de pêches organisées au large de Terre-neuve. "Lorsque mon ex-capitaine de chalutier a publié son récit, cela m'a encouragé à faire aboutir mon projet." L'auteur témoigne ici pour la première fois. Son récit, très bien écrit, renseigne précisément sur les terribles conditions de vie de ces marins, séparés de leurs familles pendant de longs mois, soumis aux aléas climatiques, vivant au quotidien dans la promiscuité et dans une hygiène médiocre.
Des souvenirs mémorables
"Il y a eu des moments de grâce dont je me souviendrai toute ma vie, nuance-t-il. Lors d'une campagne à Saint-Pierre-et-Miquelon, le chalutier fut pris dans les glaces au port et cela nous a offert quatre jours de repos et de divertissement inattendus dans les bars et dans les bals. Lorsqu'il a fallu repartir, les marins n'étaient pas très frais ! Ce fut épique !", s'amuse-t-il encore.
Pratique. Maurice Gehan, Matelot de caïque, d'Yport à Terre-Neuve, L'Écho des vagues, 20 €.
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