Les "pénichards" sont une vingtaine dans l’agglomération rouennaise à avoir posé valises et meubles dans la cale d’un Freycinet, souvent appelé péniche, réaménagé en bateau-logement. Les jours de beau temps, le soleil fait scintiller la Seine, les mouettes se perchent sur les cordages et de temps en temps, un poisson fait un saut hors de l’eau. Mais qu’en est-il dans les coulisses de ce rêve apparent ?
"Je me sens en vacances"
Hormis certains mariniers qui n’ont pas d’autre solution matérielle que de rester à bord une fois la retraite venue, les pénichards ont choisi de vivre sur l’eau. "J’ai fait mon doctorat d’histoire sur la vallée de la Seine à l’époque gallo-romaine", explique Hugo Langlois, propriétaire du Mare Nostrum amarré à Amfreville-la-Mivoie, "et je me suis intéressé aux mariniers actuels. C’est ma thèse qui m’a donné l’envie de vivre sur l’eau".
Un autre voulait vivre non loin du centre-ville, mais pas en appartement : le choix du bateau-logement s’est imposé. Guillaume et sa compagne avaient envie d’autre chose. "Dès que je pose mon pied sur la passerelle, je me sens en vacances”. Tous rêvaient d’espace : “On ressent une grande liberté”, note le propriétaire du Mare Nostrum. “Quand on a un bateau naviguant, il suffit de larguer les amarres et on peut partir, quand on veut, comme on veut.”
Tributaires des marées
Tous désiraient un peu de tranquillité aussi, car les pénichards apprécient la solitude et le calme. Ils le disent eux-même dans un sourire : ils sont en quelque sorte des marginaux. Mais la vie pénicharde est loin d’être un long fleuve tranquille. Les contraintes sont nombreuses, surtout pour les bateaux naviguant.
Il faut être un grand bricoleur ou apprendre à l’être. Il faut pouvoir répondre soi-même aux menus travaux qui s’imposent, sinon le budget d’entretien explose vite. Pourtant, selon Guillaume, "il n’est pas plus compliqué d’entretenir soi-même un bateau qu’une maison." Mais il faut sans cesse rester sur le qui-vive car au niveau de Rouen, la Seine évolue encore sous l’influence des marées. En l’absence de passerelle mobile, il vaut mieux attendre la marée haute pour descendre ses courses chez soi. "Dès que l’on fait quelque chose, une modification sur un bateau, on doit penser aux répercussions".
Par exemple : plus la charge est importante sur une péniche, plus elle s’enfonce. Trop chargée, elle ne pourra plus naviguer... Vivre sur l’eau implique donc le respect de normes spécifiques. Après, tout est une question d’habitude et de philosophie de vie. "Les questions, il faut se les poser avant, savoir faire des compromis". Mais les pénichards le font de bon cœur, car ce sont avant tout des gens de passion. Et passionnés il faut l’être : l’aménagement de la péniche qui fait rêver le promeneur depuis le quai ne se fait pas en un jour. "Vivre comme nous le faisons n’est pas le fruit du hasard, mais celui de nombreuses années de travail."
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