Promouvoir le local, booster l'économie en Normandie, favoriser l'économie sociale et solidaire (ESS)... Les objectifs sont louables pour le rollon, monnaie complémentaire gérée par une association et portée par la Région Normandie qui la conçoit comme un outil au service de sa politique économique. Créée en juin 2018, elle s'est étendue sur tout le territoire normand avec un lancement dans l'agglomération de Rouen en février 2019. La monnaie, entièrement dématérialisée, compte désormais un peu plus de 7 000 utilisateurs et près de 1 500 commerçants l'acceptent. "Le développement est exponentiel", estime Lynda Lahalle, conseillère régionale déléguée à l'ESS qui reconnaît tout de même qu'il "faut le temps de l'appropriation". Comprenez le temps de faire connaître la monnaie et son intérêt pour les utilisateurs, comme le fait d'être crédité de 5 % de pouvoir d'achat pour chaque dépense (Pour 100 rollons dépensés, 5 sont crédités). Sur l'agglomération rouennaise, Grégoire Meurice, gérant des Torréfacteurs normands, a tout de suite adhéré à la démarche, comme il avait adhéré à l'agnel, une autre monnaie locale associative. "Je trouve qu'il y a un démarrage plus poussif du rollon à Rouen car il y a un manque d'implication locale des administrateurs."
Grégoire Meurice, gérant des Torréfacteurs normands, a été l'un des premiers de l'agglomération à accepter le rollon.
Une roue à terminer
Au café, ses paiements en rollons sont moins fréquents, "deux ou trois par semaine". Il peut compter sur des épiceries locales qui le payent en rollons. Encore faut-il que lui puisse les dépenser, auprès de ses fournisseurs, ce qui n'est pas le cas pour l'heure. Au point qu'il a été obligé récemment de faire changer ses 3000 rollons en euros auprès de la Région, ce qui casse la dynamique espérée d'une circulation rapide de la monnaie, créatrice de richesses. "Il faut du temps pour créer une roue, ça ne se fait pas en un an", concède le commerçant. Alexandre Monnot, coresponsable de l'agnel, en chute libre dans l'agglomération de Rouen, estime de son côté que le rollon a sa place, notamment auprès de jeunes, adeptes de l'aspect "dématérialisé" qui ne pouvait être mis en place qu'avec le soutien de la Région. Lui craint toutefois que le caractère "institutionnel" de la monnaie en rebute certains, les usagers "éco-militants" de l'agnel, et soulève une question : quid du rollon, porté par Hervé Morin, après les prochaines élections régionales en mars ? Mais pas question de jeter les armes (Vikings) à la Région. L'objectif est de développer au maximum le réseau d'ici la fin de l'année et les politiques promotionnelles. Un partenariat avec Atout Normandie permettra par exemple aux jeunes qui adhèrent au dispositif de bénéficier d'un crédit de 10 rollons. Comme souvent pour les monnaies locales, le cap des trois ans d'existence permettra d'en savoir plus sur ses chances de succès.
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