Les mesures étaient attendues. Et elles devaient être annoncées avant la date anniversaire de l'incendie de Lubrizol et Normandie logistique qui a particulièrement marqué le territoire rouennais. La ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, et celui de l'Intérieur, Gérald Darmanin, ont fait le déplacement à Rouen, jeudi 24 septembre pour les présenter aux élus, aux associations et à la presse.
Renforcer le système d'information
Comme attendu, Gérald Darmanin a précisé les contours de l'évolution du système d'alerte. "On est passés du tocsin à la sirène, et, au XXIe siècle, de la sirène au téléphone portable", a expliqué le ministre. Un système d'alerte par SMS va être déployé pour renseigner en temps réel des difficultés et du comportement à adopter en cas d'accident. Le système de cell broadcast va également être créé en parallèle. Il permet un "push" sur les smartphones, sans inscription et même lorsque le téléphone est en silencieux sur un territoire donné. Le système doit être opérationnel dès le milieu d'année 2021 dans les zones densément peuplées, dont Rouen, et début 2022 sur tout le territoire français. 50 millions d'euros ont été prévus pour le dispositif. "Nous n'abandonnons pas, malgré tout, les sirènes qui vont être modernisées. Les réseaux sociaux seront également une source importante d'informations", a détaillé le locataire de la place Beauvau.
Éviter un nouvel accident
"Notre première priorité, c'est d'éviter qu'un accident de cette ampleur ne se reproduise", a lancé d'emblée la ministre de la Transition écologique. Les prescriptions en matière de stockage de matières dangereuses vont être renforcées. Par exemple, il sera à moyen terme interdit d'utiliser de grands récipients susceptibles de fondre pour stocker les liquides les plus inflammables. Par ailleurs, les installations classées qui se situent à moins de 100 mètres des sites Seveso (c'était le cas de Normandie logistique) feront systématiquement l'objet de contrôles pour "éviter l'effet domino".
Les moyens d'extinction des incendies mis à disposition des pompiers par les industriels devront être augmentés et les moyens automatiques, les sprinklers, renforcés.
Le sites Seveso seuil haut devront mener un exercice annuel sur leurs installations.
Renforcer la transparence
La gestion de la crise de Lubrizol a renforcé la défiance envers la parole publique et la méfiance de la population vers les industriels. D'ici 2022, l'Inspection des installations classées devra publier systématiquement en ligne les conclusions de ces contrôles. "Chacun aura accès à toute l'information", assure la ministre.
En cas de nouvel accident, les industriels devront être capables de mettre à disposition du public immédiatement la nature et la quantité des produits stockés, "d'une manière compréhensible par tous". Ils devront aussi mettre à disposition une liste des produits ou substances susceptibles d'être émises en cas d'incendie.
Les ministres ont participé à des échanges avec les élus locaux et des associations de défense de l'environnement ou des victimes.
Renforcer la présence sur le terrain
Les contrôles des installations classées vont augmenter de 50 %, "d'ici la fin du quinquennat". 50 postes d'inspecteur supplémentaires seront ouverts d'ici la fin de l'année 2020.
"Nous avons tenu à créer une structure disposant de moyens d'enquêtes dédiés", a ajouté Barbara Pompili, en annonçant la création d'un Bureau enquête accident (BEA) dédié aux risques industriels. Opérationnel dès le mois prochain, il doit rassembler "des experts de haut niveau qui puissent mener des enquêtes techniques après les principaux accidents et incidents", a détaillé Jérôme Goellner, préfigurateur de ce BEA.
Sur cette question, certains élus locaux ont regretté que la solution proposée par Christophe Bouillon, ancien député président de la mission d'information sur Lubrizol, n'ait pas été retenue. Il suggérait la création d'une autorité de sûreté des sites Seveso, sur le modèle de l'autorité de sûreté nucléaire. "Elles ont un intérêt au préalable pour faire en sorte que les accidents n'aient pas lieu", appuie Charlotte Goujon, vice-présidente de la Métropole en charge des risques industriels et sanitaires.
De leur côté, les associations de défense des victimes et de l'environnement ont salué une partie des annonces qui vont dans le bon sens, en regrettant toutefois quelques manquements. "On n'a pas l'essentiel", estime Pierre-Emmanuel Brunet, président de Rouen respire, en évoquant notamment le suivi sanitaire. "On pouvait mettre en place des cohortes pour faire des prélèvements ciblés sur les personnes à risque. On pouvait mettre en place une stratégie pour suivre la situation dans la durée. On sait que les problèmes de santé sur ces événements ont lieu à moyen ou long terme."
Il déplore également, comme certains élus, que rien n'ait été annoncé sur une participation citoyenne étendue dans les Coderst. C'est cette instance départementale qui a notamment étudié et autorisé la réouverture partielle de Lubrizol.
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Est il possible d'utiliser la langue Française, c'est agaçant à la fin
Cordialement 😤