La France est “malade de son insécurité”, affirme Gérard Darmanin. Le 9 septembre, le ministre de l'Intérieur a présenté en conseil des ministres son plan de lutte dans ce domaine, et promis de publier chaque mois les chiffres des crimes et délits pour que les citoyens sachent où l'on en est réellement.
Car l'insécurité et ses diverses formes de violence sont un fait endémique, ressenti par beaucoup comme en train de s'aggraver : mais ce “ressenti” correspond-il à la réalité ? et si oui, comment y faire face ?
Deux courants se partagent l'opinion. Pour les uns, l'urgence est de porter le problème de l'insécurité sur la scène publique, pour amener les gouvernants à “prendre enfin les mesures qui s'imposent”. Pour les autres, au contraire, “appeler à plus de répression” ne servirait à rien ; sinon à aggraver les choses en “attisant le sentiment d'insécurité”.
Au courant répressif se rattachent l'aile la plus à droite de LR et, bien entendu, le Rassemblement national. Ainsi le discours de Marine Le Pen lors de sa rentrée politique à Fréjus le 6 septembre : "Les textes du gouvernement en matière de sécurité ont été soit inefficaces avec les criminels, comme les chiffres le prouvent ; soit attentatoires aux libertés des honnêtes gens, comme les décisions du Conseil constitutionnel le montrent", a-t-elle affirmé.
Duel de ministres
Réplique de Darmanin le lendemain : “Mme Le Pen, c'est l'irresponsabilité faite femme ! Elle est députée de la nation, mais elle n'a pas voté la loi de Gérard Collomb contre le terrorisme. Elle n'a pas voté les lois de finances pour augmenter de dix mille les policiers et gendarmes. Mme Le Pen n'a jamais voté une disposition, en trois ans, pour renforcer la sécurité des Français…"
Le courant antirépressif, quant à lui, est incarné par un autre ministre : Eric Dupond-Moretti, qui semble désormais se vouloir au diapason du Syndicat de la magistrature. Interrogé sur la formule du ministre de l'Intérieur parlant d'un “ensauvagement d'une partie de la société française”, le garde des Sceaux n'hésite pas à tacler son collègue : “Le terme d'ensauvagement développe le sentiment d'insécurité, fantasme pire que l'insécurité”, assure-t-il. Irritant du même coup la droite parlementaire : “Les déclarations de Dupond-Moretti sont choquantes, cela montre la déconnexion du gouvernement avec la réalité. L'insécurité est présente partout !”, riposte le président du groupe LR à l'Assemblée nationale, Damien Abad.
Trouble chez les politiques
L'irruption du thème de l'insécurité dans le débat national n'a donc pas fini de troubler la classe politique. Damien Abad donne en partie raison à Darmanin, que LR traite pourtant de “déserteur”. Dupond-Moretti se retrouve ennemi de Darmanin : ce qui ne répond guère à ce qu'Emmanuel Macron et Laurent Castex attendent de leur ministre de la Justice. Darmanin pour se défendre risque de frôler l'argument de l'ultradroite, qui a toujours accusé “les juges” de défaire le travail de la police... Marine Le Pen, accusée par le gouvernement de “renchérir sur les problèmes au lieu d'aider à les résoudre”, est néanmoins taxée par la gauche de “connivence avec l'Elysée qui compte sur elle au second tour en 2022”.
Sans oublier que la gauche, pour sa part, n'est pas franchement à l'aise sur des sujets comme la drogue et l'islamisme - qui sont les deux faces les plus visibles de l'insécurité.
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