Les salariés de Carrefour Fécamp ont décidé de se mobiliser contre la mise en location-gérance de leur magasin dès le 1er novembre. Et pour cela, ils ont fait appel à un cador des prétoires, Maître Philippe Brun, celui que l'on appelle le liquidateur des plans sociaux. Il est venu vendredi 4 septembre dans la cité des Terre-Neuvas pour rencontrer les salariés et leur présenter son plan d'attaque à l'encontre de cette location-gérance.
Philippe Brun va assigner, au nom de l'union départementale CGT Force Ouvrière, la société Carrefour et la société CH Distribution (le repreneur de l'enseigne fécampoise). Carrefour Fécamp emploie 130 salariés et connaît des difficultés financières depuis de nombreuses années (1,7 million d'euros de perte en 2019). Les salariés craignent que cette location-gérance ne cache un plan social. Si la nouvelle société, dont le gérant Christophe Huart est le directeur d'un Carrefour Caen (Calvados), n'arrive pas à relever le magasin, elle pourrait procéder à un plan social ou se mettre en liquidation judiciaire. Philippe Brun veut faire interdire le transfert des contrats de travail. Il se base sur une loi de 1928 autorisant le transfert des contrats de travail entre deux sociétés autonomes. Pour l'avocat, CH Distribution ne peut pas être autonome, dépendant à 100 % de la politique du groupe Carrefour.
Maître Philippe Brun
En France, environ 50 magasins Carrefour doivent passer en location-gérance. Une politique assumée par le groupe. L'enseigne parle d'un plan de réforme pour retrouver une dynamique de croissance. L'objectif est d'insuffler un esprit entrepreneurial et permettre plus d'agilité sur la gestion, précise le groupe. Pendant 15 mois, tous les salariés vont conserver leur qualification et leur salaire brut annuel (sauf la participation et l'intéressement). L'enseigne Carrefour rajoute que les intéressés conserveront également les tickets-restaurants, les 10 % de remise pour leurs courses, la mutuelle prévoyance (plus avantageuse que les accords de branche) et le travail le dimanche se fera toujours sur la base de volontariat.
Philippe Brun, avocat des salariés de Carrefour Fécamp.
Maître Philippe Brun compte voir examiner son assignation devant le Tribunal judiciaire du Havre d'ici la mi-octobre. Plus que le seul cas du Carrefour Fécamp, c'est bien l'ensemble des locations-gérances prévues par le groupe Carrefour qu'il espère faire chuter. "Le schéma est le même pour les 50 magasins en cause. Si le jugement est favorable pour Fécamp, ça fait tomber tout le système. Ce n'est pas un combat personnel. C'est un combat juste et légitime. Ce sont 4 000 emplois en France qui sont impactés."
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