Avec son style nerveux qui le caractérise, Hubert Wulfranc, le maire (PCF) de Saint-Etienne-du-Rouvray, énumère un à un tous les projets urbains de sa commune. "Saint-Etienne est une ville bipolaire", lâche-t-il en contemplant une carte. Bipolaire ? Une mosaïque, plutôt. On y trouve un vieux centre fait de constructions basses en briques, de grandes cités HLM comme le Château-Blanc, des hectares de forêts, le Technopôle du Madrillet, de vastes zones d’activité bordant les lignes de chemin de fer, etc. Un joyeux mille-feuilles.
136 millions pour la rénovation urbaine
Grâce au grand "projet de ville" lancé il y a peu par son équipe, Hubert Wulfranc ne cache pas son désir de "revoir et poursuivre le développement urbain". Au coeur des enjeux : la présence de 80 hectares de friches en plein cœur de ville, entre le centre-ville ancien et le plateau du Madrillet, "les premières réserves foncières de la Crea". Ce futur quartier, qui aura le mérite de relier enfin l’ouest et l’est stéphanais, pourrait accueillir au moins 5.000 nouveaux habitants. Conséquence : Saint-Etienne deviendrait, dans les années à venir, la ville la plus peuplée de l’agglomération après Rouen. "A court terme, nous espérons dépasser les 30.000 habitants en 2014", prévoit Hubert Wulfranc.
Mais son projet de ville ne se limite pas à des questions de béton. Accompagnement éducatif des plus jeunes, politique de solidarité marquée, rénovation "énergétique" des bâtiments communaux, participation des habitants à certains débats... La mairie communiste espère ainsi adoucir le choc de la crise, visible dans cette commune populaire "où l’urgence sociale éclate souvent à la figure".
Et c’est aussi pour ces raisons que le maire plaide aujourd’hui auprès de l’Etat pour que ce dernier, via l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU), lance à Saint-Etienne un second plan de rénovation urbaine. Le dernier, en cours de finalisation, a permis d’investir 136 millions d’euros dans plusieurs opérations de destruction, reconstruction et réhabilitation, qui ont notamment bénéficié au quartier sensible du Château-Blanc.
Casser les ghettos
Objectif : casser les ghettos et stimuler la mixité sociale. "C’est une réussite car les habitants restent à Saint-Etienne", a estimé lundi 17 septembre le préfet de Seine-Maritime, Pierre de Bousquet, en visite dans la commune. "Beaucoup a été fait et l’argent public a été bien employé, mais de nouvelles urgences apparaissent, notamment dans les copropriétés", a nuancé Hubert Wulfranc.
Même si le chemin est encore long, indéniablement Saint-Etienne-du-Rouvray change. En témoigne l’apparition d’immeubles aux proportions plus humaines ou de petits pavillons à la place d’anciennes barres. "Quand vous détruisez 1.000 logements, vous percutez des vies, mais vous apportez aussi des réponses, des logements agréables avec des bouts de jardin. Vous participez ainsi à créer une ambiance sociale nettement meilleure”, analyse le maire. Il reste désormais à la maintenir.
Thomas Blachère
Photo Marie-Hélène Labat
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