Artiste qui a fait bouger les lignes entre danse classique et music-hall, elle a connu une carrière d'une longévité remarquable, qui l'a menée de l'Opéra de Paris à Broadway, puis Hollywood. Mais toujours avec sa rigueur de danseuse de formation classique, chevillée au corps.
Installée depuis plusieurs années en Suisse, elle "s'est éteinte paisiblement cette nuit à son domicile de Tolochenaz dans le canton de Vaud", a confié sa fille Valentine Petit à l'AFP.
Ses obsèques auront lieu dans l'intimité mais un hommage lui sera rendu en septembre en l'église Saint Roch, la paroisse parisienne des artistes, a indiqué son entourage.
"C'est avec une grande tristesse que nous apprenons la disparition d'une grande dame du music-hall français et international, Madame Zizi Jeanmaire. Jamais nous n'oublierons ses jambes interminables, son élégance et bien sûr son truc en plume...", a commenté le Lido sur Twitter.
"Jamais nous t'oublierons chère Zizi", a réagi l'ancienne étoile de l'Opéra de Paris, Marie-Agnès Gillot, sur Instagram, avec une vidéo de Zizi, tout en jambes et en plumes chantant son plus fameux tube.
La danseuse Marie-Claude Pietragalla a de son côté salué la mémoire d'une "magnifique icône de la danse et du music-hall".
Carmen aux cheveux courts
C'est à la barre de l'Ecole de danse de l'Opéra de Paris que celle qui se fera ensuite appeler "Zizi" (née Renée Jeanmaire le 29 avril 1924) rencontre le futur chorégraphe Roland Petit. Ils ont seulement 9 ans.
Entrée en 1933 dans la vénérable maison, elle a intégré le corps de ballet sept ans plus tard, puis l'a quitté au sortir de la Seconde guerre mondiale.
"Roland, lui, avait envie de créer sa propre compagnie", racontait-elle. Ce sera les Ballets des Champs-Elysées, puis ceux de Paris.
La troupe se révélera dans Carmen, qui se jouera à Paris, Londres et Broadway. De là, Zizi gagnera Hollywood, où l'engagera le producteur-aviateur Howard Hughes. Sam Goldwyn lui conseillera de garder son prénom de scène, clin d'œil au mot qu'elle répétait, enfant, quand sa mère l'appelait "Mon Jésus".
"Mon truc en plumes", créé à Paris en 1961, imprime durablement l'image de Zizi Jeanmaire, délurée et chic à la fois.
Son interprétation dans "Le jeune Homme et la mort", aux côtés de Rudolf Noureev pour une version filmée, est largement saluée.
Les nombreuses collaborations artistiques de Zizi Jeanmaire resteront aussi en mémoire: de Raymond Queneau à Serge Gainsbourg, en passant par Barbara et Aragon. Boris Vian disait d'elle: "Elle a des yeux à vider un couvent de trappistes en cinq minutes".
Yves Saint Laurent, qui l'a habillée durant quarante ans, (notamment pour "Mon truc en plumes" en 1961), estimait qu'il lui suffisait "d'entrer en scène pour que tout prenne vie, feu et flammes".
Dotée d'une énergie sans pareil, Zizi Jeanmaire "était en forme, enjouée, comme d'habitude" il y a encore une dizaine de jours, a confié à l'AFP la journaliste et biographe Ariane Dollfus, qui s'est entretenue avec elle.
"C'était une femme qui aimait profondément la vie". Et une travailleuse acharnée qui "prenait trois cours de danse par jour jusqu'à 75 ans, au moins", se souvient-elle.
Le Ballet national de Marseille, dont Zizi Jeanmaire a été "une figure emblématique", a rendu hommage vendredi à une "grande artiste transversale qui évoluait avec fluidité entre la danse classique, le cinéma, le music hall et la danse contemporaine, et ce, en un battement de plumes".
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