Ce défenseur des libertés numériques n'est pourtant pas le dernier à communiquer sur les réseaux sociaux: "Une victoire à 100%", a-t-il jubilé dans un tweet, quelques minutes après avoir appris que la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) s'était prononcée en sa faveur.
Facebook est "un outil formidable pour rester en contact avec ses connaissances, avait-il confié dans une interview à l'AFP. Mais je n'y ai jamais partagé d'informations trop personnelles".
Pour ce trentenaire autrichien à l'allure juvénile, les réseaux sociaux sont d'abord la tribune de sa bataille contre la politique de confidentialité des géants du web.
Max Schrems, né à Salzbourg et installé dans la capitale autrichienne, a pris l'habitude de raconter aux journalistes comment lui est venu le déclic de son combat. C'était lors d'une conférence dans la Silicon Valley, où il se trouvait pour un semestre universitaire.
"Les Américains se moquaient ouvertement des Européens pour leur insistance sur les droits fondamentaux", expliquait-il. "Ils disaient que cela ne prêtait pas à conséquence" de piétiner les textes sur la protection des données.
De retour en Autriche, l'étudiant en droit demande à Facebook de lui envoyer une compilation de ses données personnelles et reçoit un fichier de 1.222 pages répertoriant minutieusement toutes ses informations présentes sur le site, même celles qu'il pensait avoir supprimées.
Plusieurs fronts
De ce choc, il dit avoir tiré une leçon : pour les géants de l'internet, "les données personnelles sont le nouveau pétrole. Ils veulent les acquérir, c'est tout".
La décennie qui a suivi a changé la vie de ce militant désormais engagé dans des batailles judiciaires tous azimuts pour faire progresser la cause de la protection des données : de la justice autrichienne aux tribunaux d'Irlande, pays où est établi le siège européen de Facebook, il multiplie les procédures.
Son premier coup d'éclat devant la Cour de Justice de l'UE (CJUE) remonte à 2015 lorsqu'il obtient l'invalidation de l'accord UE-USA "Safe Harbor", ancêtre du mécanisme "Privacy Shield" ("bouclier de protection", ndlr) que la CJUE a retoqué jeudi.
Auréolé du titre de "tombeur de Safe Harbor", il devient une personnalité internationale: il reçoit les félicitations du lanceur d'alerte américain Edward Snowden - qui avait mis au jour les liens entre les services de renseignement américains et certaines sociétés de la Silicon Valley - et structure son combat autour d'une ONG baptisée Noyb (pour "None of your business": "ce ne sont pas vos affaires").
Installée à Vienne, Noyb a pour objectif de défendre les intérêts des usagers du web et de coordonner l'action pour les droits numériques au niveau international.
Elle a permis au juriste de 32 ans de s'entourer d'une équipe aussi pointue sur la législation des nouvelles technologies que rodée à la communication.
Anti-Zuckerberg ?
Dans les locaux de la jeune association, on a sabré jeudi le champagne - sans alcool -, selon une vidéo postée sur Twitter, pour fêter le jugement européen qui va "très largement limiter la surveillance américaine" sur les données privées, a affirmé Max Schrems à l'AFP.
En vertu de cette décision, "les entreprises comme Facebook ne pourront envoyer des données vers les Etats-Unis que si cela est absolument nécessaire (...)", analyse-t-il encore.
Parmi les autres fronts qu'il a ouverts figurent plusieurs plaintes déposées en 2018 en France, en Allemagne, en Belgique et en Autriche, lors de l'entrée en vigueur du Règlement général sur la protection des données (RGDP) qui vise à renforcer la protection de la vie privée des citoyens européens.
L'Autrichien accuse les groupes comme Facebook, Google ou WhatsApp de détourner le RGDP en recueillant un "consentement forcé" des utilisateurs au transfert de leurs données.
Quand on le présente comme l'anti-Mark Zuckerberg, le PDG de Facebook et son aîné de trois ans dont il partage le style vestimentaire décontracté, Schrems hausse les épaules, refusant d'en faire un combat personnel: "je ne le connais pas et n'ai pas d'opinion sur lui".
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