"On va te ramener, accroche-toi mon grand, je vais te faire un piqûre!": au camp militaire de La Valbonne (Ain), l'entraînement au sauvetage au combat a repris pour la jeune auxiliaire sanitaire, affairée à pratiquer les gestes qui sauvent sur un mannequin allongé dans l'herbe, après une simulation d'embuscade.
Un retour à son coeur de métier après une expérience inédite: au printemps, Céline et des dizaines d'autres camarades de son régiment ont été dépêchés à Mulhouse pour monter de toutes pièces un service de réanimation sous tente (EMR) destiné à désengorger l'hôpital public voisin, et y épauler l'équipe médicale du service de santé des armées.
"On était employées à l'habillage et au déshabillage des personnels soignants, et parfois on pouvait aller dans les travées auprès des patients, pour aider un peu", raconte cette militaire de 23 ans, large sourire sous le masque, en confiant son "énorme fierté d'avoir participé" à cette aventure, "au plus près de la population".
Au volant de son véhicule de transport logistique, la soldate de 1ère classe Julie, elle, était affectée à "une mission qui ne se voyait pas": enchaîner les allers-retours pour approvisionner la structure. "Je travaillais au coup de sifflet, quand les pharmaciens manquaient de matériel".
Au pic de la pandémie, le RMed, qui déploie chaque année 400 militaires en opérations extérieures en appui du service de santé des armées, a été mobilisé tous azimuts pour venir en aide aux Français. Un engagement dans l'urgence qui lui vaut de participer cette année à Paris la cérémonie du 14-Juillet.
Renfort au SAMU
Le caporal-chef Laurent, lui, a été envoyé en renfort à la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris.
"On est venus remplacer des pompiers infectés par le Covid", raconte-t-il. "Le rythme était soutenu, on a connu pas mal de nuits blanches. On enfilait la combinaison pendant que le camion grillait les feux rouges. On était les premiers à faire les gestes sur les malades".
"Pendant une intervention, on avait la tête dans le guidon et d'un coup les gens se sont mis à applaudir: il était 20h. Je l'ai pris pour moi, ça m'a fait chaud au coeur", souligne le trentenaire, vétéran du Tchad et du Mali.
Voisin du RMed à La Valbonne, le 68e régiment d'artillerie d'Afrique a également apporté sa pierre à l'opération "Résilience" déclenchée en mars par Emmanuel Macron, à laquelle 3.000 soldats de l'armée de Terre ont participé.
Au lieu de munitions, les artilleurs ont transporté des millions de masques vers les hôpitaux, Ehpad, administrations et entreprises de la région. "Quand on est arrivés, de nuit, le patron de Michelin nous a payé des pizzas!", se souvient le maréchal des logis Kevin, 26 ans.
D'autres ont été déployés pour protéger les stocks des établissements de santé. Certains, enfin, ont apporté du renfort au SAMU local, une première pour des militaires français.
"Le SAMU était débordé, en tension permanente. On est venus les soulager dans la régulation des appels téléphoniques", explique l'adjudant Guillaume, chef de la cellule secourisme de son régiment.
"Au début, il y a eu des interrogations chez le personnel, après ils ont vite compris qu'on était là pour offrir de l'entraide. L'ambiance était extraordinaire", malgré le flot incessant d'appels, assure-t-il. "C'était vraiment de l'aide concrète à la population et au milieu hospitalier, avec des résultats immédiatement visibles".
"Les soldats se sont sentis utiles", commente le chef de corps du 68e régiment, le colonel David Pawlowski. "On a dû faire preuve d'imagination pour servir au mieux les besoins exprimés localement", mais "en tant qu'artilleurs, l'appui de la première ligne, c'est ce qu'on sait faire!"
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