Ces départs "font suite à un examen rigoureux que la société a mené en réponse aux récentes allégations et accusations de mauvaise conduite et de comportements inappropriés", a indiqué Ubisoft dans un communiqué diffusé dans la nuit de samedi à dimanche.
Précisément, le numéro deux "Serge Hascoët a choisi de démissionner de son poste de +Chief creative officer+, avec effet immédiat. Ce rôle sera assumé dans l'intérim par Yves Guillemot, PDG d'Ubisoft", a souligné l'entreprise, qui avait annoncé le 26 juin enquêter sur des allégations de violence et de harcèlement visant des cadres dans plusieurs pays.
"Ubisoft n'a pas été en mesure de garantir à ses collaborateurs un environnement de travail sûr et inclusif", a regretté M. Guillemot, cité dans le communiqué diffusé tôt dimanche matin.
"Ce n'est pas acceptable. Tout comportement toxique est en opposition totale avec les valeurs avec lesquelles je n'ai jamais transigé et avec lesquelles je ne transigerai pas", a affirmé le dirigeant.
M. Guillemot "supervisera personnellement une refonte complète du mode de collaboration des équipes créatives", a promis Ubisoft, qui parmi ses franchises à succès, compte les séries "Assassin's Creed", "Far Cry", "Rayman" ou encore "The Crew".
En l'espèce, "Yannis Mallat, dirigeant des studios canadiens d'Ubisoft, quitte ses fonctions et la Société avec effet immédiat. Les récentes allégations apparues au Canada à l'encontre de nombreux salariés ne lui permettent pas de continuer à assurer ses responsabilités", a détaillé l'entreprise.
En outre, "Ubisoft va nommer un nouveau responsable monde des ressources humaines, en remplacement de Cécile Cornet, qui a décidé de démissionner de ce poste et ce dans l'intérêt de l'unité du groupe".
L'entreprise, qui compte 18.000 salariés dans le monde, dont 22% de femmes, "a également décidé de restructurer et renforcer la fonction" ressources humaines et va faire "auditer et améliorer ses procédures et politiques" en la matière, a-t-elle assuré.
Nombreux témoignages
Les départs de M. Hascoët et Mme Cornet avaient été réclamés samedi par la section syndicale Solidaires Informatique d'Ubisoft, dans un tract en ligne reprenant des témoignages d'employés parus en particulier dans l'édition de samedi du quotidien français Libération.
Dès fin juin, de tels témoignages anonymes d'employés ou d'ex-employés d'Ubisoft étaient apparus sur Twitter, visant des cadres des studios de Toronto et Montréal, mais aussi au Brésil, en Bulgarie et aux Etats-Unis, et concernant parfois des faits remontant à plusieurs années.
Une ex-employée expliquait qu'un collègue lui avait demandé une fellation lors d'une soirée alors qu'elle travaillait encore à son bureau, d'autres relataient que tel directeur créatif du studio de Montréal avait "léché le visage" d'une collaboratrice lors d'une fête d'entreprise.
Le 4 juillet, M. Guillemot avait annoncé la démission d'un vice-président et la mise à pied d'un autre pour "comportements inappropriés", après avoir promis la veille un "changement structurel" au sein de l'entreprise.
"Je suis plus que jamais déterminé à mettre en œuvre des changements profonds afin d'améliorer et renforcer notre culture d'entreprise", a juré le PDG dimanche.
"J'attends de tous les managers du Groupe qu'ils accompagnent leurs équipes avec le plus grand respect. J'attends également d'eux qu'ils s'attèlent à mener ce changement nécessaire, avec comme ligne de conduite ce qui est le mieux pour Ubisoft et tous ses collaborateurs", a conclu M. Guillemot.
Ubisoft a subi une perte nette de 126 millions d'euros lors de son exercice décalé 2019-2020, due notamment à une dépréciation d'actifs dans le jeu mobile, sur un chiffre d'affaires de 1,6 milliard d'euros, en chute de 14% sur un an.
Le groupe a affiché sa prudence pour l'exercice actuel sur fond de crise sanitaire, même si une hausse de la pratique des joueurs a été constatée dans des pays ayant confiné leur population.
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