Rien ne destinait Jean-Pascal Zadi à devenir acteur et réalisateur de film. Dès l'âge de cinq ans, c'est dans les rues d'un quartier d'Ifs qu'il passait ses journées, entouré de ses copains, la balle au pied. "Je voulais devenir rappeur ou footballeur", raconte-t-il, plongé dans ses plus beaux souvenirs d'enfance. "Être réalisateur n'était pas un rêve qui était à ma portée quand j'étais gosse." C'est d'ailleurs dans la musique qu'il s'est lancé au départ, au sein de son groupe La cellule. "Mon premier album était un échec cuisant", sourit-il avec autodérision.
"Le fait d'être noir a changé ma vie"
Jusqu'à 19 ans, à la sortie du lycée, le cinquième d'une fratrie de dix enfants vivait dans une maison à Ifs, 3 rue César-Franck. S'il vivait "ses plus belles années à Ifs", cet enfant noir, issu d'une famille défavorisée, a tout de même dû passer quelques obstacles. "Quand j'allais en ville à Caen, je sortais tous les jours avec ma carte d'identité. J'avais peur de me faire contrôler." Pourquoi un noir devait-il justifier en permanence de sa nationalité ? C'est justement le fil conducteur de son film Tout simplement noir, disponible à l'écran ce mercredi 8 juillet. "À l'époque, on était la seule famille de noirs. Cela m'a valu des moqueries et du rejet de la part des autres, explique-t-il. Je me souviens qu'une camarade de CP ne voulait pas me tenir la main car j'étais noir." C'est en arrivant au collège de la Guerinière que le climat s'est apaisé, "comme s'il y avait eu un lien de pauvreté avec les noirs et les Arabes (rires) ! Le fait d'être noir a quand même changé ma vie." Sous la forme d'un faux documentaire, Jean-Pascal Zadi et John Wax, l'autre réalisateur, imaginent que "JP" organise une marche de contestation noire à Paris. Ils s'appuient notamment sur la participation de personnalités influentes telles que Claudia Tagbo, Fabrice Éboué, Éric Judor, Joeystarr, ou encore de l'ancien footballeur Vikash Dhorasoo. L'humour et l'autodérision s'enchaînent dans un contexte actuel très délicat, là où les manifestations contre le racisme se multiplient en France. Au moment où JP Zadi a été propulsé dans le milieu de l'audiovisuel, lorsqu'il vendait des films autoproduits sur le marché aux puces avant de faire succès, il a forcément eu une pensée pour Michelle et Guy Bresson, un couple d'amis de ses parents. "Ils me disaient constamment que tout n'était pas noir, raconte-t-il. Ce sont des gens engagés pour l'Afrique, qui m'ont marqué et m'ont inspiré. Ils sont comme des membres de ma famille." Pourra-t-on le croiser un jour à Caen ? "Peut-être en boîte de nuit, je n'y suis jamais allé !"
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