Le scrutin qui s'est ouvert à 07H00 locales (05H00 GMT) s'annonce serré entre le HDZ au pouvoir qui affronte une coalition de centre-gauche, avec en embuscade un chanteur folk nationaliste.
Ni le HDZ du Premier ministre Andrej Plenkovic ni la coalition "Restart" emmenée par les sociaux-démocrates (SDP) de Davor Bernardic ne semblent pouvoir remporter la majorité absolue des 151 sièges de députés, d'après les sondages.
Le "Mouvement patriotique" de Miroslav Skoro, chanteur populaire et populiste, pourrait donc se retrouver en position d'arbitre.
Les incertitudes sur l'avenir dominent alors que l'économie croate, ultra dépendante du tourisme, devrait reculer de près de 10%, la pire contraction depuis des décennies.
"Le nouveau gouvernement devra de fait (....) travailler sur l'économie car l'automne est là", dit Vesna Trnokop, économiste de 60 ans. "Tous le monde a peur de ce qu'il va se passer à l'automne".
Stabilité ou changement?
Andrej Plenkovic, 50 ans espère que les temps moroses qui s'annoncent inciteront les électeurs à rester fidèles à un parti au pouvoir depuis 2016.
"Il faut faire des choix sérieux et non du charlatanisme", dit le Premier ministre. "La Croatie n'a pas besoin d'expérimentations comme avec Bernardic ou Skoro".
Le parti au pouvoir a aussi mis en avant sa maîtrise relative de la crise sanitaire. Avec environ 110 morts et 3.000 contaminés, le pays des Balkans membre de l'Union européenne a évité les scénarios explosifs vus ailleurs.
Mais depuis deux semaines, après des bilans quasi nuls voire nuls, quelques dizaines de contaminations sont recensées quotidiennement comme au pic initial.
Davor Bernardic, 40 ans, a accusé le gouvernement d'avoir "délibérément mis la Croatie en danger" en décidant de tenir les élections pendant la pandémie.
L'arrestation récente d'une ancienne ponte du HDZ soupçonnée d'abus de pouvoir et de pots-de-vin risque aussi de nuire aux chances du parti alors que plusieurs ministres ont dû démissionner à cause de suspicions de corruption.
Miroslav Skoro, qui pourrait séduire l'aile droite du parti conservateur déçue par les politiques modérées d'Andrej Plenkovic, affirme quant à lui être "le seul garant du changement".
Le chanteur de 57 ans, qui avait raflé 20% des voix à la dernière présidentielle, renvoie dos à dos le SDP et le HDZ, "garantie d'une mauvaise gouvernance".
Le parti conservateur, et dans une moindre mesure le SDP, dominent la vie politique croate depuis l'indépendance en 1991.
Emigration massive
Une enquête publiée vendredi par Nova TV met les conservateurs et le centre gauche au coude à coude, avec respectivement 52 et 51 sièges. En troisième position, figure le "Mouvement patriotique" crédité de 18 sièges, suivi par le parti ultra-conservateur Most (pont) et Mozemo (On peut le faire!) une coalition réunissant les verts et des partis de gauche, avec neuf et six sièges.
Ni les conservateurs ni le centre-gauche ne sont pressés de forger une alliance avec le candidat nationaliste, qui est accusé par le SDP de remarques sexistes et de nostalgie pour le passé oustachi pronazi de la Croatie.
Mais d'après les analystes, le HDZ pourrait n'avoir d'autre choix s'il veut former le prochain gouvernement.
En attendant, de nombreux Croates veulent que les choses bougent dans un pays qui subit une émigration massive due aux salaires modestes et à la corruption.
"Ces élections sont très importantes" dit Branka Tekavec, enseignante retraitée de 76 ans. "Beaucoup de choses doivent changer. On ne se focalise pas assez sur les Croates qui partent, sur le chômage et la faiblesse des salaires des jeunes".
Petar Dragic, un chauffeur de taxi de Zagreb, estime toutefois que le HDZ doit rester.
"Je suis un pragmatique qui ne se soucie pas de qui est de gauche ou de droite. Seul Plenkovic est capable d'obtenir des fonds de Bruxelles et c'est ce dont nous avons besoin actuellement", affime-t-il.
Environ 3,8 millions d'électeurs sont appelés aux urnes. Les résultats sont attendus tard dans la soirée.
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