Dans cet interview, le chef de l'Etat dessine les grandes lignes de sa stratégie pour les deux dernières années de son quinquennat, mais sans dévoiler avec quelle "nouvelle équipe" il entend la mener.
Il salue ainsi "une relation de confiance unique" avec le Premier ministre Edouard Philippe mais ne précise pas s'il entend le garder à Matignon. "Depuis trois ans à mes côtés, il mène avec les gouvernements successifs un travail remarquable", souligne-t-il.
Plusieurs journaux régionaux, parmi ceux ayant participé à l'entretien, indiquent qu'Emmanuel Macron a répondu "au contraire" à la question de savoir si, avec Edouard Philippe, c'était désormais "de l'histoire ancienne". Ces deux mots ne sont pas présents dans la version diffusée par d'autres quotidiens.
Le chef de l'Etat confirme au passage un remaniement ministériel dans les prochains jours: "il y aura une nouvelle équipe", dit-il en évoquant "de nouveaux talents" et "des personnalités venues d'horizons différents".
Emmanuel Macron précise que la priorité pour la dernière partie du quinquennat "commence par le Ségur de la santé", "se poursuivra par un chantier sur le grand âge, puis sur l'accompagnement de notre jeunesse, qui a le plus souffert de la crise".
"Il y aura des incitations financières à l'embauche et un ensemble de mesures pour ne laisser aucun jeune sans solution", explique-t-il.
Réforme des retraites "transformée"
Le président confirme vouloir remettre en chantier la réforme des retraites, mais "transformée", et souhaite la reprise des négociations avec les partenaires sociaux dès cet été.
Il se dit favorable à un allongement de la durée des cotisations, un paramètre jusqu'ici écarté. "Cette réforme ne peut pas être reprise de manière inchangée à la sortie de crise, mais la question du nombre d'années pendant lesquelles nous cotisons demeure posée", dit-il, estimant que la France ne peut rester "un des pays où on travaille le moins tout au long de la vie en Europe".
Quant au maintien ou non de l'âge pivot à 64 ans, cher à Edouard Philippe, il répond être "ouvert à ce que (la réforme) soit transformée".
Sur l'ensemble de ses réformes, il reconnaît avoir sa "part de maladresse" en voulant "aller vite". Mais "le cap sur lequel je me suis engagé en 2017 reste vrai", ajoute-t-il.
Emmanuel Macron estime par ailleurs que "ce serait une erreur profonde" d'augmenter les impôts, alors que "nous sommes un des pays les plus fiscalisés du monde". Et il précise qu'il n'y aura pas de retour de la taxe carbone dans "les deux ans qui viennent". "Cela doit être un débat de la prochaine élection présidentielle", selon lui.
Interrogée sur sa vision de la décentralisation, le chef de l'Etat se dit "favorable à ce qu'on ait plus de différenciation", se disant "prêt à faciliter les expérimentations".
Mais, précise-t-il, "à court terme, il ne faut pas que nous nous perdions dans des grands débats. Il faut que nous soyons pragmatiques", ajoute-t-il.
Pour le chef de l'Etat, la question du report des élections départementales et régionales, qu'il a évoqué et auquel des présidents de région s'opposent, "est un faux débat".
"Ce n'est pas au président de trancher, seul, cette question. Si on va vers un nouveau big-bang des collectivités territoriales et des transferts massifs de compétences, ça peut prendre des mois. Est-ce la priorité alors qu'on aura des élections au mois de mars et que le temps est à la reconstruction du pays ?", interroge-t-il.
Les élections régionales doivent avoir lieu en mars 2021, mais l'Élysée a indiqué mi-juin que le chef de l'Etat avait "ouvert le débat" sur un possible report au-delà de la présidentielle de 2022, pour que tous les acteurs soient "mobilisés pour la relance du pays".
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