Fin du suspense: après des semaines de concertation sans chiffre, les syndicats savent enfin combien le gouvernement est prêt à dépenser pour améliorer la rémunération des personnels hospitalier -- hors médecins, qui font l'objet d'une négociation parallèle.
Lors d'une réunion sur ce sujet, le ministre de la Santé a avancé le chiffre de six milliards d'euros "pour les hôpitaux, les établissements médico-sociaux (publics, ndlr) et les établissements privés", a indiqué à l'AFP un des participants.
Cette somme inclut une augmentation générale des salaires des agents de la fonction publique hospitalière (hôpitaux, Ehpad...), une refonte des primes, ainsi que des hausses ciblées sur certaines professions, qui pourraient être étendues aux établissements privés, ont précisé trois autres sources.
Selon un projet d'accord présenté lors d'une précédente réunion, vendredi, ces hausses ciblées concerneraient notamment les catégories soignantes (infirmiers, aides-soignants) et médico-techniques (techniciens de laboratoire, manipulateurs radio).
Ce document, remis aux syndicats, prévoyait que l'augmentation générale des salaires dans le secteur public entre en vigueur "à compter du 1er juillet" pour le million d'agents du secteur public, qu'ils soient titulaires ou contractuels.
Pour un responsable syndical, la négociation salariale peut désormais commencer car "on connaît enfin le bas de la fourchette". A deux semaines de la conclusion du "Ségur", "on entre dans le +money-time+", a insisté ce syndicaliste.
Six milliards, c'est "une somme importante", a souligné de son côté une responsable de la Fédération hospitalière de France (FHF), qui avait évalué les besoins à 5,5 milliards d'euros, mais pour le seul secteur public.
Il "reste à travailler, négocier et s'accorder sur le périmètre et la répartition", a-t-elle insisté.
"obligation de résultat"
Lancé fin mai par Edouard Philippe, le "Ségur de la santé", piloté par l'ancienne dirigeante de la CFDT Nicole Notat, doit concrétiser d'ici mi-juillet le "plan massif de revalorisation et d'investissement" promis par Emmanuel Macron en pleine épidémie de coronavirus.
Pour certains syndicats, qui revendiquent une "revalorisation générale des salaires" d'au moins 300 euros net par mois dans les établissements publics, le compte n'y est toujours, malgré les six milliards mis sur la table par l'exécutif.
L'éventualité de devoir partager une partie de la somme avec le secteur privé, hypothèse qui ne figurait pas dans le projet d'accord, a ainsi surpris plusieurs participants, hostiles à cette idée.
"Il faut que le gouvernement revoie complètement sa copie", estime même une responsable syndicale, pour qui "la pression" repose désormais sur les épaules de "l'exécutif", qui a une obligation de résultat".
Après le succès de leur journée d'action le 16 juin, qui a réuni plusieurs dizaines de milliers de manifestants dans toute la France, plusieurs syndicats (CGT, FO, SUD, Unsa) et collectifs de soignants (Inter-Hôpitaux, Inter-Urgences) ont appelé à de nouveaux rassemblements le 30 juin.
Une autre mobilisation est aussi envisagée le 14 juillet, sous une forme encore non définie, alors que le gouvernement a prévu de rendre hommage aux soignants en ce jour de fête nationale, où le traditionnel défilé militaire sera remplacé par une cérémonie sur la place de la Concorde.
Pour l'heure, les principaux syndicats de médecins ne se sont pas joints à ces initiatives, même si leur dernière réunion au ministère a tourné court mardi matin.
Mécontents de l'absence de calendrier et de chiffrage concernant leurs rémunérations, ils ont quitté la table au bout d'une heure pour "montrer (leur) mauvaise humeur".
Ils réclament notamment une hausse immédiate de 300 euros net mensuel pour les internes et une forte revalorisation de leur grille de salaire, avec un minimum de 5.000 euros net en début de carrière et jusqu'à 10.000 euros en fin de carrière.
Les praticiens hospitaliers en sauront peut-être davantage lors d'une nouvelle séance de discussion programmée vendredi.
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