Des scientifiques ont en effet retrouvé des fragments de polystyrène dans les entrailles de collemboles, minuscules arthropodes terrestres, selon l'article publié dans la revue Biology Letters.
Des particules de plastique ont déjà été découvertes dans des organismes vivants aux quatre coins des océans, jusqu'au fond de la fosse des Mariannes, la plus profonde connue.
Mais "la contamination terrestre a été largement négligée", notent les auteurs de l'étude publiée mercredi.
Ils se sont penchés sur la situation des côtes de l'île du Roi Georges, une des régions "les plus contaminées" de l'Antarctique en raison de la présence de stations de recherche scientifique, d'infrastructures militaires et même de tourisme.
Ils y ont prélevé entre les rochers un bout de polystyrène expansé recouvert de microalgues et de lichens, nourriture privilégiée des cryptopygus antarcticus, parmi les seuls organismes capables de survivre dans les conditions climatiques de l'Antarctique.
Les collemboles trouvés sur ce morceau ont été analysés grâce à des techniques d'imagerie infrarouge qui ont permis de détecter "sans équivoque" des traces de polystyrène dans les intestins du petit animal qui peut sauter comme une puce.
Le fait que ces collemboles, très présents dans les sols de l'Antarctique - les parties non couvertes de glace, qui représentent moins de 1% du territoire - "ingèrent des microplastiques implique que ces matériaux créés par l'Homme sont entrés en profondeur dans la chaine alimentaire des sols", écrivent les auteurs.
"Le plastique est entré dans l'une des chaines alimentaires terrestres les plus reculées de la planète": cela "représente un nouveau facteur de stress potentiel pour des écosystèmes polaires qui font déjà face au changement climatique et à l'augmentation des activités humaines", mettent-ils en garde.
Les chercheurs soulignent le problème posé spécifiquement par le polystyrène expansé, dont la structure poreuse permet l'installation de mousses et microalgues qui attirent d'autres organismes.
Les effets de l'ingestion de microplastiques par les animaux, marins ou terrestres, sont encore mal connus, et des équipes à travers le monde cherchent à évaluer l'impact des produits chimiques associés aux plastiques ou encore des pathogènes qui peuvent se fixer sur les débris flottants.
Les auteurs de l'étude appellent eux aussi à continuer les recherches sur les conséquences de l'ingestion de plastique sur les collemboles et ses prédateurs.
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