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A Taïwan, un sculpteur offre une nouvelle vie aux statues de divinités

L'atelier de Lin Hsin-lai recèle un trésor: des milliers de statues de divinités. Ce sculpteur taïwanais a consacré sa vie à restaurer ces créatures célestes jetées au rebut par leurs propriétaires.

A Taïwan, un sculpteur offre une nouvelle vie aux statues de divinités
Le sculpteur Lin Hsin-lai tient la statue d'un dieu taoiste dans son atelier de Taoyuan, dans le nord de Taïwan, le 17 mars 2020 - Sam Yeh [AFP]

Sur les étagères de son atelier, tous ces êtres divins se côtoient: de la déesse de la mer Mazu à l'effrayant Guan Yu, un dieu de la guerre au visage rouge vénéré par la police et les gangsters, en passant par des créatures moins célèbres.

"C'est dommage que des statues de représentations divines soient ainsi abandonnées", se désole M. Lin, avant de procéder à la bénédiction de certaines d'entre elles.

"Je les considère comme un héritage culturel. Chacune est chargée d'une histoire", explique le sculpteur qui a parfois du mal à se déplacer dans sa maison envahie par ces statues de toutes tailles.

A Taïwan, les représentations divines sont partout: dans les temples, les maisons et même les parcs et les bureaux.

Les deux principales religions de l'île, bouddhisme et taoïsme, vénèrent une multitude de dieux, d'incarnations ainsi que des divinités populaires bigarrées.

Beaucoup sont pourtant régulièrement abandonnées par leurs propriétaires.

Alors, il y a plus de quarante ans, M. Lin, 61 ans, s'est donné pour mission de restaurer chaque statue délaissée et de lui trouver une place sous son toit.

Ce sculpteur de formation estime en avoir sauvegardé environ 20.000 depuis le début.

La plus grande vague d'abandons remonte à une trentaine d'années.

Des statues mutilées étaient alors souvent jetées par des joueurs en quête de faveurs divines lorsqu'ils tentaient leur chance dans des loteries clandestines.

"Neuf joueurs sur dix avaient perdu d'avance", se souvient M. Lin, "mais ils reportaient la faute sur les dieux et passaient leur colère sur les statues".

De nos jours, ces sculptures sont tout simplement abandonnées en plein air.

M. Lin continue cependant à recevoir des appels de propriétaires désireux de se séparer de leur bien mais de lui offrir un nouveau foyer.

Le plus souvent, ils émanent de jeunes Taïwanais non croyants ou qui, ayant adopté une autre religion, souhaitent se défaire de cet héritage familial.

Un jour, M. Lin a recueilli quelque 700 statues appartenant à la famille d'un collectionneur décédé.

Métier en déclin

Et, pour lui, le plus dur est de "trouver un nouveau toit pour que ces divinités puissent être vénérées".

M. Lin se souvient avec émotion du jour où il a a réparé sa première statue: une figurine de la divinité guerrière San Tai Zi abandonnée près d'une rivière. Il avait même réussi à convaincre le découvreur de la rapporter chez lui pour la vénérer.

Un autre de ses meilleurs souvenirs est d'avoir sauvé une représentation du dieu de la terre Tu Di Gong, pêchée en mer par un vieil homme.

Mais M. Lin n'a réussi à trouver preneur que pour quelque 3.000 de ses sculptures, soit 15% de sa collection. "Il y a plus de monde qui souhaite s'en débarrasser qu'en recevoir", regrette-t-il.

Comme les appels continuent d'affluer, M. Lin ne cesse de se démener pour trouver de la place à sa collection grandissante. Les statues ont envahi son atelier, son studio et un entrepôt situé à Taoyuan, dans le nord de l'île.

Il ouvre les portes de son atelier aux sorties scolaires et a déjà prêté des statues pour des tournages.

A Taïwan, il ne reste qu'une poignée d'artisans possédant son savoir. L'artisan a commencé à 17 ans avec vingt autres apprentis, mais seul un de ses camarades et lui exercent toujours ce métier.

Si de moins en moins de Taïwanais souhaitent posséder une représentation de divinités chez eux, ceux qui en désirent préfèrent souvent les acheter à l'étranger.

"C'est un secteur en déclin", soupire-t-il, "je suis donc obligé de continuer autant de temps que je le pourrai".

Fataliste, il entend poursuivre sa mission même si c'est "seul, avec une force physique limitée", affirme le sexagénaire qui a contracté la polio dans son enfance.

Mais c'est plus fort que lui: "Je ne peux pas supporter de voir des statues de divinités abandonnées".

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