Depuis le début du confinement lié au Covid-19 à la mi-mars, chacun a vu sa vie quotidienne bouleversée, ses repères perdus.
Cette situation inhabituelle pour chacun d'entre nous est particulièrement impactante pour les personnes qui sont en perte d'autonomie, que ce soit lié à un handicap ou que ce soit pour les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer. "Certains, qui devaient déambuler, n'ont plus eu le droit de sortir de chez eux. D'autres, qui avaient des habitudes bien réglées, des soignants qui intervenaient quotidiennement à leur domicile, se sont retrouvés seuls avec leur conjoint. Il a fallu accompagner les malades mais aussi leurs familles, face aux pertes de repères", explique Élodie Durand, neuropsychologue à La Maison des Aidants, gérée par l'UNA du Bocage Ornais, à Flers.
Après l'isolement, le déconfinement aussi sera compliqué
Un travail compliqué, "il a fallu leur faire comprendre qu'elles devaient rester confinées et identifier ce qui devenait compliqué pour les patients, trouver des solutions, par exemple pour permettre au proche qui les aide de pouvoir s'absenter pour aller faire quelques courses", explique-t-elle. Les professionnels de l'accompagnement ne pouvaient plus être présents comme avant. Une cellule de soutien a alors été mise en place. Mais déjà se profile le déconfinement, le 11 mai prochain, qui "lui aussi sera générateur d'interrogations et de stress pour ces personnes". Élodie et ses collègues anticipent : elles travaillent donc à une reprise de contact progressive, après le passage d'une infirmière qui va s'assurer que les médicaments sont toujours bien pris, "car malgré leur maladie chronique, certains qui ont eu peur d'aller chez le médecin et d'y attraper le Covid, ont cessé leur traitement".
Des habitudes bousculées pour longtemps
Et la neuropsychiatre d'expliquer : "Le contexte a beaucoup changé. Certes, beaucoup de patients, à force de répétition, ont bien entendu qu'il y a un virus, mais sans pour autant comprendre de quoi il s'agit et sans savoir appliquer les consignes relatives à ce Covid-19." Pour autant, explique-t-elle, "l'attente est vive que l'on revienne vers eux, tant de la part des personnes accompagnées que de leurs aidants, qui est souvent leur conjoint. Mais le chemin sera long. C'est tout un travail qu'il faut reprendre, la période est inédite. On va devoir intervenir masquées, gantées. Leur maladie évolue constamment. Ça va laisser des traces indélébiles. Il va falloir beaucoup de temps pour remettre leurs repères en place", explique la professionnelle de santé.
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