[RÉACTION] C'est un véritable coup de colère, après l'annonce par le Premier ministre Édouard Philippe, le dimanche 19 avril à la télévision, de rouvrir les EHPAD (Établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes). Illustration dans l'Orne, avec le docteur Alain Delmas, médecin de l'EHPAD L'Orée des Bois à la Chapelle d'Andaine.
Un "décalage avec les mesures de confinement en chambres"
Depuis le début du confinement lié à la pandémie de coronavirus, le Docteur Alain Delmas travaille 7 jours/7 dans l'EHPAD L'Orée des bois, à la Chappelle d'Andaine, où il assure seul la bonne santé de la centaine de pensionnaires qui y sont confinés. En concertation avec les autres médecins de ville et pour limiter toute intervention extérieure d'autres professionnels de santé, il a décidé de supprimer ces visites, pour éviter de faire entrer le coronavirus dans l'établissement, qui en reste actuellement totalement exempt.
Alors, lorsqu'il a entendu l'annonce de réouverture par le Premier ministre ce dimanche soir, il en est resté coi : "on est extrêmement surpris de l'effet d'annonce, un dimanche soir sans concertation, en décalage avec les mesures de confinement en chambre mises en place. Il n'y a pas de meilleur moyen de faire entrer le Covid dans les établissements", explique le médecin. Outre l'aspect sanitaire, il y a aussi tout simplement la gestion humaine de cette annonce, alors que les établissements sont mis devant le fait accompli : "on commence déjà à crouler sous les demandes des familles".
Aucune circulaire de mise en application
Mais sans préparation, sans anticipation, la mesure paraît bien compliquée à appliquer concrètement : "Déjà il nous manque 200 masques par semaine pour notre propre personnel, il est donc impossible d'équiper les visiteurs. On n'a pas pour eux ni de masques, ni de charlottes, ni de surblouses, ça nous apparaît très amateur comme décision." Sans compter le manque de personnel pour encadrer ces éventuelles visites. Les établissements peuvent-ils refuser, pour des raisons sanitaires, d''organiser ces visites des familles ? Au lendemain de l'annonce du Premier ministre à la télé, ils n'ont, ce lundi 20 mars au matin, reçu aucune circulaire de mise en application. "Compte tenu de nos moyens humains, si on arrive à en organiser trois par jour, ça va prendre cinq semaines pour que chaque pensionnaire puisse recevoir une visite", constate le médecin.
Et le docteur ne décolère pas : "C'est la meilleure décision pour avoir des morts dans les EHPAD." Et d'ajouter : "On comprend bien que c'est un problème énorme d'éviter le glissement des pensionnaires qui sont isolés, mais l'annonce sans préparation de cette mesure nous a laissés abasourdis… on s'apprêtait à confiner jusqu'à la fin de cette année."
Ecoutez ici le Docteur Alain Delmas.
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