Au seuil du long week-end pascal, une phrase dans les colonnes du Figaro du président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, n'est pas passée inaperçue.
"Il faudra bien se poser tôt ou tard la question du temps de travail, des jours fériés et des congés payés pour accompagner la reprise économique et faciliter, en travaillant un peu plus, la création de croissance supplémentaire", estimait le responsable patronal dans cet entretien.
Car "l'important, c'est de remettre la machine économique en marche et de reproduire de la richesse en masse, pour tenter d'effacer, dès 2021, les pertes de croissance de 2020", faisait-il valoir.
Loin de prendre ses distances avec le propos patronal, la secrétaire d'État à l'Économie, Agnès Pannier-Runacher, est allée dans le même sens. Elle a prévenu qu'il faudrait "probablement travailler plus que nous ne l'avons fait avant" pour "rattraper" la perte d'activité induite par le confinement en cours depuis le 17 mars, et dont Emmanuel Macron pourrait annoncer lundi soir la prolongation.
"L'enjeu est de reprendre le travail plein pot", a-t-elle insisté samedi sur franceinfo.
Président délégué du Medef, Patrick Martin a précisé sur la même chaîne que toute modification éventuelle de la durée du temps de travail, sur le terrain, ne pourrait être envisagée que si l'entreprise et l'emploi sont "menacés", "pendant un temps, dans le respect de la loi" et "en accord avec les organisations syndicales".
"C'est pas un sacrifice, c'est un coup de collier", a-t-il relevé.
"Vieilles lunes"
Mais les syndicats ne l'entendent pas de cette oreille, eux qui déplorent déjà les dérogations aux limites du temps de travail décidées par ordonnances dans le cadre du projet de loi d'urgence sanitaire, notamment le relèvement à 60 heures de la durée hebdomadaire maximale. Sans parler du chômage partiel, ou activité partielle, qui entraîne souvent une baisse de revenus de 16% pour les bénéficiaires, au nombre de 8 millions aujourd'hui, soit plus d'un salarié sur trois.
"C'est totalement indécent. Aujourd'hui, les travailleurs, comme tout le monde, sont en train de payer le coût de cette crise. Ce n'est pas à eux de payer ensuite", s'est indigné dimanche sur France 2 le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, évoquant les "vieilles lunes qui reviennent: +il faudra travailler plus+, +il faudra de la sueur et des larmes+, etc.".
Le secrétaire général de Force ouvrière, Yves Veyrier, a lui mis en avant lundi sur CNews que les salariés ne se complaisaient "pas dans la situation actuelle de confinement".
"Il y a un stress psychologique énorme: on a peur quand on doit aller au travail aujourd'hui, on a peur pour sa santé ; quand on est en situation d'activité partielle, on a peur pour son emploi à venir; quand on est en télétravail confiné, c'est pesant. Vous savez, on ne va pas sortir de là reposé ou sortir de vacances, ce n'est pas du tout cette situation", a-t-il observé dimanche sur RTL.
Fustigé à gauche par le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, qui s'est ému du "cynisme" du Medef, l'appel au "travailler plus" l'a aussi été à droite par Xavier Bertrand (ex-LR), président du Conseil régional des Hauts-de-France.
Un salarié qui n'est "pas responsable de tout ça", on lui "dit qu'à la sortie c'est (lui) qui (va) payer la facture? Mais qu'est-ce qu'on veut, on veut rendre fous les Français?", s'est emporté l'ancien ministre du Travail de Nicolas Sarkozy, ajoutant: "Si à la sortie la réponse c'est l'austérité, ils (les responsables de l'exécutif) n'ont rien compris du tout".
Mais pour le chef de file des sénateurs LR Bruno Retailleau, interrogé lundi sur franceinfo, "on ne se tire des épreuves, individuelles ou collectives, que par un surcroît d'efforts". "Tout le monde devra faire des efforts. Les entreprises comme les salariés".
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