À l'hôpital d'Alençon, face au Covid-19, les soignants en sont réduits à lancer des appels sur Facebook pour se procurer du matériel afin de se protéger. Des appels relayés par le maire et même par la préfecture. "Svp, aidez-nous ! Nous manquons de blouses, de masques et de charlottes. Nous sommes en contact direct avec le virus et les soignants tombent aussi face à ce virus, nous aurons du mal à tenir longtemps dans ces conditions et certains sont déjà contaminés."
"On manque de masques, de surblouses"
C'est un témoignage exceptionnel. On l'appellera Odile, infirmière à l'hôpital d'Alençon. Elle a été contaminée par le coronavirus. Elle a répondu à nos questions par téléphone, depuis son lit. "On est de la chair à canon, nous dit-elle. Les soignants tombent les uns après les autres. On manque de masques, de surblouses. Ils essaient de nous donner ce dont on a besoin, mais les blouses jetables à usage unique sont lavées et recyclées, les masques FFP2, on les a au compte-gouttes. Le service Covid est équipé mais dans les autres services il y a aussi des malades Covid sans le matériel nécessaire."
"Trois semaines que je n'ai pas serré mes enfants"
Dans ces conditions, comment font-ils pour s'occuper des patients ? C'est d'abord un long silence. Puis Odile répond : "On n'oublie pas pourquoi on est là. On a choisi notre métier, on est là pour essayer de le faire au mieux. Je pense qu'on se met en danger, mais c'est comme ça." Et quand elle rentre à la maison le soir, y pense-t-elle ? "On y pense toute la journée, on sait qu'on se met en danger, on ne fait pas le travail sereinement. Ça fait trois semaines que je n'ai pas serré mes enfants dans mes bras. Ça fait trois semaines que je fais chambre à part avec mon mari et qu'on ne s'approche pas à mois de deux mètres. On met les gestes barrière à la maison, est-ce que ça suffira ? L'avenir nous le dira... "
La satisfaction dans tout ça ? "La motivation, c'est le remerciement des gens qui sont dans les lits, qui nous regardent et qui nous disent qu'on fait un travail formidable. Que sans nous, ils ne seraient sans doute plus là. C'est les familles qui nous appellent, qui nous remercient. C'est ça qui nous fait tenir."
Un état des lieux en Facebook live
Contacté à plusieurs reprises depuis le lundi 30 mars, le service communication de l'hôpital d'Alençon a finalement demandé à la rédaction de Tendance Ouest d'adresser ses questions par e-mail. À la mise en ligne de cet article, jeudi 9 avril, aucune réponse n'avait été reçue. Vendredi 10 avril à 15 h, le maire d'Alençon (président du Conseil de surveillance de l'hôpital) et le directeur du centre hospitalier doivent tenir un Facebook live pour dresser en direct un état des lieux.
Pour vos dons de masques et/ou de surblouses : secretariatdml@ch-alencon.fr
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