[Témoignage]. Ça gronde dans les mairies de nos campagnes. Comme si de rien n'était, le ministère de l'Intérieur exige que les maires soient élus dès ce vendredi 20 mars, alors que toute la France est confinée à cause du Covid-19. "Je vous confirme que mon élection ne m'a pas immunisé", déclare goguenard un élu.
Un ordre du ministère de se réunir
La grogne se fait de plus en plus entendre chez de nombreux conseillers municipaux qui ont été élus dès le premier tour des élections municipales le dimanche 15 mars dans les communes rurales, où il n'existe pas de grandes salles pour se réunir. Ils viennent de recevoir une note du ministère de l'Intérieur, qui leur a été adressée par la préfecture. Elle leur intime l'ordre de se réunir pour élire leur maire à partir du vendredi 20 mars, selon la procédure habituelle. Puis, il faudra à nouveau se réunir pour élire leur président d'intercommunalité. Souvent, plus de 40 personnes devront alors se regrouper dans la même salle, alors que depuis quelques jours les consignes nationales sont exigeantes : aucune réunion, distances de sécurité face au coronavirus. Pour beaucoup de conseillers municipaux, cette décision qui leur est imposée "est une aberration en pleine pandémie de coronavirus", alors même que certains d'entre eux, contraints de rester confinés, ne pourront même pas participer aux réunions si elles se tiennent.
"L'urgence est à la santé, pas à élire les maires", s'égosille par exemple Jean-Luc Beaufils, élu à Irai, près de L'Aigle. Partout, les mots sont les mêmes, on parle d'incompréhension, d'aberration, c'est l'écœurement : "Une fois de plus, c'est une décision de technocrate prise dans un bureau à Paris sans se rendre compte de la réalité que l'on vit", explique un autre élu du secteur d'Argentan. Encore un petit effort et on croirait entendre à nouveau les revendications des premiers temps de la mobilisation des Gilet jaunes : "Paris n'en fait qu'à sa tête et ne nous entend pas !"
La préfète de l'Orne répond
Seront-ils entendus ? Interrogée sur ce sujet le mardi 17 mars, la préfète de l'Orne avait expliqué qu'il suffisait de trouver une grande salle où se réunir, en respectant une distance d'éloignement suffisante entre les différents participants.
Mais certains élus n'hésitent même plus à appeler désormais leurs collègues conseillers municipaux à ne se présenter à aucune réunion. Le quorum ne sera donc pas atteint, et il faudra alors, légalement, reporter l'élection des maires. N'en déplaise aux "technocrates du ministère de l'Intérieur".
Ecoutez ici Jean-Luc Beaufils.
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