Interrogé mardi sur France 2 sur le cas d'une téléspectatrice désirant assister aux obsèques d'un ami, le Premier ministre a répondu par la négative.
"Ce que je vais dire est terrible à entendre (…) Nous devons limiter au maximum les déplacements et même dans cette circonstance, nous ne devons pas déroger à la règle", a dit Edouard Philippe, avec "tristesse et détermination".
Jusqu'à nouvel ordre, les inhumations et crémations doivent se limiter au tout premier cercle familial, comme le souligne le site d'informations sur le coronavirus du gouvernement. Les autorités ont indiqué mercredi à la mairie de Paris que seules vingt personnes accompagnant le défunt étaient autorisées dans les cimetières ou crématoriums.
Ce plafond de vingt personnes mais aussi les restrictions de déplacement empêchent même des petits-enfants de dire adieu à leur grand-mère: "A contre-coeur, j'ai renoncé avec ma sœur à aller aux obsèques...", explique Emmanuelle Caradec, demeurant à Paris, dont l'aïeule est décédée dans une maison de retraite de Nantes.
Pas de registre de condoléances
La Conférence des évêques de France a retenu dès mardi soir ce chiffre de moins de 20. Autre contrainte: pas de messe, mais une simple "célébration".
Des bénédictions peuvent se faire aussi au cimetière ou au crématorium, privés de registre de condoléances pour les mêmes raisons sanitaires, sans compter que les participants ne peuvent se réconforter en s'embrassant ni même se prendre dans les bras.
Le Conseil français du culte musulman a décidé de son côté de suspendre les toilettes rituelles dispensées aux défunts.
Florence Fresse, déléguée générale de la Fédération des pompes funèbres (4.500 entreprises), renouvelle son appel pour que les thanatopracteurs chargés de la préparation des corps avant mise en bière, comptent parmi les professions prioritaires pour disposer de masques FFP2.
"Nous avons alerté les autorités depuis trois semaines, sans résultat", a-t-elle déploré auprès de l'AFP.
Elle rappelle par exemple que les pacemakers doivent obligatoirement être retirés des défunts pour ne pas polluer les sols ou risquer des incidents de crémation, au-delà du risque particulier des décès dus au coronavirus.
"Allumer une bougie"
La famille de la réalisatrice Tonie Marshall, récemment disparue, a dû renoncer à organiser une messe, tout comme celle de l'actrice Suzy Delair.
"Nous comptons organiser une cérémonie du souvenir avec tous ses amis du cinéma à la rentrée", a dit François Bellair, proche ami de celle qui a été l'une des doyennes du 7e art, décédée à 102 ans cette semaine sans lien avec le coronavirus.
"Suzy s'est éteinte dans une maison de retraite qui était déjà confinée. Nous n'avons pas été autorisés à l'accompagner dans ses derniers jours. Cela a été peut-être le plus difficile", témoigne M. Bellair.
"Je ne nie pas du tout le bien-fondé des mesures, ni leur urgence, mais ce n'est pas sans conséquences humaines", souligne Christian de Cacqueray, responsable du Service catholique des funérailles. "Le traumatisme de certaines familles pour qui l'événement va être bâclé, va être terrible..."
Denis Malvy, expert infectiologue et conseiller auprès du ministre de la Santé, estime que "des mesures vont être déclinées pour accompagner les deuils et les larmes, c'est obligatoire".
"Pour un membre de la famille ou un ami, ne pas pouvoir accompagner le défunt jusqu'au bout peut représenter un choc durable", confirme à l'AFP la psychologue Marie-Frédérique Bacqué, professeure de psychopathologie à l'université de Strasbourg et auteure d'ouvrages de référence sur le deuil.
"La seule solution est de faire une substitution par la pensée. Allumer une bougie est le symbole le plus simple et le plus évocateur, en pensant à la personne qu'on aimait, en installant des photos ou des fleurs. C'est la meilleure des choses en attendant de se rendre, plus tard, sur la tombe".
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