Devant le monastère de la Visitation, non loin de l'hôtel de ville de Caen, la quiétude habituelle règne. De l'extérieur, rien ne peut laisser penser que le quotidien des seize sœurs qui y vivent s'accélère. Sauf peut-être une voiture immatriculée en Italie, stationnée dans la cour. Elle appartient au secrétaire du Père Sangalli, postulateur de la cause en béatification de Léonie Martin. La sœur de Sainte-Thérèse de Lisieux a vécu ici, de 1899 à 1941. "C'était sa troisième tentative d'entrer au monastère. Elle avait dit : 'je n'en sortirai que dans mon cercueil.' Elle n'en est jamais sortie !", sourit sœur Marcelle-Thérèse, membre de la congrégation. Car la religieuse, troisième fille de la famille Martin, priée dans le monde entier, repose dans la chapelle du monastère.
La plus ingrate de la famille et pourtant...
La vie de Léonie n'a pas été un long fleuve tranquille: enfant difficile, en mauvaise santé, victime de mauvais traitements (sans que sa famille ne le sache), elle devra retenter trois fois avant de pouvoir devenir religieuse visitandine. Toutes ces difficultés font de la 'pauvre Léonie', comme l'appelait sa maman, une jeune fille simple, humble et rayonnante.
Son corps intact
Après ses parents Louis et Zélie, canonisés en 2015, elle pourrait à son tour être béatifiée par le Pape, c'est-à-dire devenir vénérable, en vue d'une canonisation future. Le samedi 22 février, la première étape de cette longue procédure sera achevée : l'évêque de Bayeux-Lisieux Monseigneur Jean-Claude Boulanger clôturera officiellement l'enquête diocésaine consacrée à la cause de Léonie. L'aboutissement de cinq longues années de travail pour les sœurs de la Visitation… qui sont dans les cartons. "Plusieurs dizaines de boîtes", confirme sœur Marcelle-Thérèse. Des milliers de documents ont été rassemblés pour témoigner de la vie de Léonie et de sa dévotion. Impossible d'assister aux derniers préparatifs, ils sont confidentiels. Historiens, théologiens, traducteurs, archivistes… Des spécialistes, y compris étrangers, ont travaillé sur le cas de Léonie Martin. Il a même fallu ouvrir son cercueil, inhumé dans la crypte jusqu'en 2017. Le corps de Léonie était presque intact. Pour la communauté religieuse, toutes ces procédures ne sont pas sans effort. "En 2014, quand s'est posée la question d'ouvrir la cause de Léonie, ça a débattu. On voyait le travail et les frais que cela demande." En l'occurrence, 300 000 euros environ, financé par les dons. "Il a fallu tout photocopier, retranscrire, traduire les témoignages, les correspondances… même le livre d'or de la chapelle." Le fruit de ce travail sera transporté jusqu'à Rome par Monseigneur Boulanger, en mars. "Je donnerai un extrait des lettres de Léonie au Pape François, qui a une grande vénération pour elle." Les services du souverain pontife examineront le dossier pour décider s'il est recevable. "Le cas d'un prêtre antisémite avait été refusé." Pour être reconnue bienheureuse, Léonie Martin devra être à l'origine d'un miracle, puis d'un deuxième, pour que soit reconnue sa sainteté. Là encore, des spécialistes seront sollicités pour examiner des cas contemporains, sur la base de dossiers médicaux. "S'ils disent : 'en l'état actuel de la science, nous n'expliquons pas telle ou telle guérison,' alors c'en sera un."
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