Édouard Philippe, qui a été maire du Havre de 2010 à 2017 et y demeure conseiller municipal, "est peut-être le sauveur qui va rassembler" la droite, reconnaît le député communiste Jean-Paul Lecoq, candidat à cette mairie passée à droite en 1995 après 30 ans de PCF.
Au Havre, ville de 170.000 habitants et premier port français pour le trafic des porte-conteneurs, la mobilisation est particulièrement forte contre la réforme des retraites portée par le Premier ministre.
La zone industrielle a été bloquée à de nombreuses reprises depuis décembre et le 24 janvier encore, 7.500 personnes y ont manifesté selon la police, 65.000 selon la CGT. Le 15 janvier, un commissaire de police a eu un doigt arraché lors d'un rassemblement.
Avec le Premier ministre candidat, la réforme des retraites va s'inviter au cœur de la bataille du Havre où, face à une droite unie, l'union de la gauche, souhaitée par le candidat communiste, n'est pourtant pas à l'ordre du jour.
Les conseillers municipaux EELV Alexis Deck et PS Matthieu Brasse ont réaffirmé vendredi à l'AFP leur intention de déposer, le 10 ou 11 février, une liste conduite par l'écologiste, où le secrétaire de la section socialiste du Havre figurera à la troisième place. Aux Européennes, EELV a fait 13,02% au Havre contre 13,48% au niveau national.
"Les droites semblent être unies. Mais ça ne change rien à notre projet", assure Matthieu Brasse, "on part sur des programmes différents (de Jean-Paul Lecoq, ndlr) pour se rassembler au deuxième tour". La gauche est notamment divisée sur la fermeture en 2022 de la centrale à charbon à laquelle s'oppose le député PCF.
Dans le camp adverse, "un adversaire comme Édouard Philippe, c'est pas difficile. Il a mis tous les Havrais dans la rue", estime Jean-Paul Lecoq dont la liste est soutenue, sans participation, par LFI. A l'élection présidentielle de 2017, Jean-Luc Mélenchon avait recueilli 29,81% au Havre.
"enjeux locaux"
Édouard Philippe, premier adjoint pendant une dizaine d'années et devenu maire sous l'étiquette LR, avait été élu dès le premier tour en 2014 avec 52,04% des voix. A ceci près que "moins de la moitié des Havrais" avaient voté. Il avait emporté la mairie "avec un quart des voix", rappelle M. Lecoq.
Décontracté, le Premier ministre a entamé samedi sa campagne, échangeant avec les habitants et commerçants du centre-ville. A son QG il s'est adressé aux bénévoles chargés de mettre sous pli sa "lettre aux Havrais".
"On fait une campagne, nous on est tranquilles. On ne peut pas être sûr qu'il y ait des gens qui ne soient pas énervés, mais nous on est tranquilles", a déclaré M. Philippe.
A droite, on vise le "score le plus haut possible", avec "un rassemblement très très large", assure Jean-Baptiste Gastinne, l'actuel maire (LR) du Havre. Si la liste du Premier ministre remporte l'élection en mars, il restera maire tant qu'Édouard Philippe (exclu de LR en 2017) demeurera à Matignon, comme l'a expliqué ce dernier hier au Havre.
"Tout le monde comprend que le contexte n'est pas le même qu'en 2014" mais "je fais confiance aux électeurs du Havre pour faire la part des choses entre le contexte national, et les enjeux locaux", ajoute le vice-président de la région Normandie qui se présente comme un "républicain social".
La ville a "une sociologie plutôt à gauche", concède Marc Migraine (LREM), adjoint au maire du Havre. La dernière fois, l'élection dès le premier tour, "c'était exceptionnel", mais "je ne pense pas que les Havrais sont prêts à donner la ville à des gens qui soutiennent les blocages et sont pour la révolution", veut croire l'ancien MoDem.
De son côté, le Rassemblement national (RN) pense "pouvoir dépasser sans problème les 20%" au premier tour, comme aux européennes (22,55%), selon la tête de liste Frédéric Groussard.
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